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ZINNEMANN FRED (1907-1997)

Né le 29 avril 1907 à Vienne, diplômé en droit, Fred Zinnemann se rend en 1927 à Paris où il suit, pendant un an, les cours de l'École technique de photographie et cinématographie. Il travaille ensuite comme assistant opérateur à Paris, puis à Berlin, où il assiste notamment Eugen Schüftan sur Menschen am Sonntag (Les Hommes le dimanche) d'Edgar Georg Ulmer et Robert Siodmak (1929). La même année, il se rend à Los Angeles. Après y avoir fait de la figuration dans All Quiet on the Western Front (À l'Ouest, rien de nouveau) de Lewis Milestone (1930), il devient assistant de Berthold Viertel, pour quatre films tournés entre 1930 et 1932, puis de Robert Flaherty pour un projet non abouti en U.R.S.S., et de Busby Berkeley. En 1934-1935, il coréalise, au Mexique, avec Emilio Gomez Muriel et Paul Strand, Los Redes / The Wave (Les Révoltés d'Alvarado), documentaire de long-métrage sur une grève de pêcheurs. En 1937, il est engagé par la M.G.M. pour diriger des courts-métrages. Il en signe dix-huit, dont That Mothers Might Live (1938) qui obtient l'oscar pour le meilleur court-métrage de fiction.

En 1942, la M.G.M. confie à Fred Zinnemann la réalisation de longs-métrages. Il met en scène sept films à petit budget, dont The Seventh Cross (La Septième Croix, 1944) et The Search (Les Anges marqués, 1947), qui lui vaut d'être cité pour l'oscar. En 1949, il signe avec le producteur indépendant Stanley Kramer pour trois films : The Men (C'étaient des hommes, 1950), High Noon (Le train sifflera trois fois, 1952) avec Gary Cooper et Grace Kelly, et The Member of the Wedding (1952). Le deuxième film, qui deviendra un classique, obtient un immense succès critique et commercial et lui vaut une nouvelle citation pour l'oscar. Dès lors, il devient le metteur en scène de films « importants » à gros budget et, souvent, à « grand » sujet. Des dix qu'il tourne jusqu'en 1982, beaucoup sont des succès commerciaux, tous sont loués par la critique et par les professionnels ; cinq sont cités pour l'oscar, deux l'obtiennent au titre de la meilleure mise en scène : From Here to Eternity (Tant qu'il y aura des hommes, 1953), son œuvre la plus célèbre, qu'interprètent Burt Lancaster, Montgomery Clift, Frank Sinatra, et A Man for All Seasons (Un homme pour l'éternité, 1966), pour lesquels il est aussi récompensé par les prix pour la meilleure réalisation décernés par les New York Films Critics et la Directors Guild of America.

Tant de louanges ont longtemps surpris critiques et historiens français, qui considéraient généralement Fred Zinnemann comme un « tâcheron de prestige », au style académique et suranné. Il est vrai que son écriture cinématographique est rigide et qu'elle manque de respiration. De fait, certains de ses films paraissent ennuyeux et prétentieux, ce qu'aggrave le sérieux imperturbable dont il fait toujours preuve. Toutefois, son œuvre mérite mieux que le dédain ou le mépris qu'on a professé en France à son encontre, d'autant que l'homme, par son intégrité, voire son engagement (High Noon est une parabole sur le maccarthysme), mérite le respect. On ne peut ainsi nier l'efficacité dramatique que confère à ses meilleurs films la haute qualité technique de sa facture. Marqué, dans sa jeunesse, par les films d'Erich von Stroheim, King Vidor et Robert Flaherty, il porte un soin maniaque aux détails et témoigne d'un souci de réalisme social et psychologique qui l'amène à emprunter au style documentaire et à tourner en extérieur, sur les lieux mêmes de l'action, avec, parfois, des acteurs inconnus ou des amateurs dans leurs propres rôles. Cette quête de l'authenticité fait que, souvent, il se révèle un peintre d'atmosphères, excellant dans celles qui sont chargées de menace (le voyage en Allemagne nazie de [...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

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