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HUBBARD FREDDIE (1938-2008)

Une technique superlative lui vaut l'admiration unanime de tous les trompettistes, y compris celle d'un maître incontesté en la matière, Wynton Marsalis. Pourtant, malgré une longue et brillante carrière, l'Américain Freddie Hubbard n'est jamais parvenu à se hisser au sommet de la hiérarchie de l'instrument. Victime d'une troublante versatilité esthétique et des facilités offertes par des moyens hors du commun, il se laissera trop souvent séduire par les caprices changeants de la mode et les avatars d'un jazz affadi par les ambitions commerciales. Il fut cependant appelé par les plus grands musiciens de sa génération et participa à quelques-unes des séances qui ont le plus profondément marqué l'histoire du jazz. Ce qui n'est pas l'habituel parcours des personnalités secondaires.

Frederick Dewayne Hubbard naît le 7 avril 1938 à Indianapolis (Indiana). Il mène de très sérieuses études musicales classiques, travaillant le cornet, le cor, le tuba et la trompette. Avec le contrebassiste Larry Ridley, il co-dirige en 1957 et 1958 un quintette, les Jazz Contemporaries, qui accueille le saxophoniste et flûtiste James Spaulding. Il se produit à la fin de 1957 avec le guitariste Wes Montgomery, qui restera, sa vie durant, une intarissable source d'inspiration. Établi à New York en 1958, il commence à s'émanciper de l'écrasante influence de Miles Davis. Une période particulièrement aventureuse et intense de sa vie artistique s'ouvre devant lui. D'emblée, il joue avec les plus grands : John Coltrane l'appelle pour les albums Black Pearls (1958) et Olé Coltrane (1961), il se produit et enregistre aux côtés de Philly Joe Jones, de Sonny Rollins, de Hank Mobley, de Slide Hampton, de Jay Jay Johnson... En 1960, sur la recommandation de Miles Davis, Freddie Hubbard grave pour Blue Note un premier album sous son nom, Open Sesame, avec le piano de McCoy Tyner ; suivent en 1961 Goin' Up, Hub Cap et le chef-d'œuvre que constitue Ready for Freddie, qui rassemble Wayne Shorter, Art Davis, Elvin Jones, McCoy Tyner et Bernard McKinney. À l'été de 1961, il remplace Lee Morgan au sein des Jazz Messengers d'Art Blakey.

Freddie Hubbard se fait une place de premier plan dans l'avant-garde grâce à Free Jazz, l'album-manifeste d'Ornette Coleman (1960) – où il a rejoint Don Cherry, Eric Dolphy, Charlie Haden, Scott LaFaro, Ed Blackwell et Billy Higgins – ainsi qu'avec sa participation – aux côtés de Dewey Johnson, Marion Brown, John Tchicai, Pharoah Sanders, Archie Shepp, McCoy Tyner, Art Davis, Jimmy Garrison et Elvin Jones – au célèbre Ascension que signe John Coltrane en 1965. Au cours de cette décennie, il fréquente, outre les étoiles déjà citées, l'élite du moment : Sonny Rollins – avec qui il enregistre en 1966 un remarquable East Broadway Run Down –, Jacki Byard, Ron Carter, George Duvivier, Jymie Merritt, Max Roach... Après avoir quitté les Jazz Messengers au début de 1964, il se produit, au concert et dans les studios, avec tous ceux qui comptent au royaume du jazz en ce début des années 1970 : Jackie McLean, Oliver Nelson, Dexter Gordon, Curtis Fuller, Wayne Shorter, Bill Evans, Hank Mobley, Bud Powell, Benny Golson, Oscar Peterson, Dizzy Gillespie, Nat Adderley, Kenny Drew, Yusef Lateef, Cannonball Adderley, Philly Joe Jones, Cedar Walton, Charli Persip, Slide Hampton, Jay Jay Johnson, Milt Jackson, Randy Weston, Joe Farrell, Andrew Hill, Bobby Hutcherson, Count Basie, Quincy Jones, Duke Pearson, Lou Donaldson, Kenny Barron et même le fantasque Friedrich Gulda. L'importance et la diversité de cette liste montrent l'estime que lui portent ses pairs et une capacité d'adaptation inouïe, tout en témoignant de l'éclectisme de ses goûts mais aussi d'une certaine difficulté à assumer dans la durée ses choix musicaux.[...]

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