FRÉDÉRIC Ier BARBEROUSSE (1122 env.-1190) empereur germanique (1152-1190)
L'une des figures les plus attachantes de l'Empire germanique et de l'histoire du Moyen Âge européen. Frédéric Ier Barberousse s'est laissé séduire par l'Italie, comme tous ses prédécesseurs, et s'est efforcé de reconstituer un bloc politique formé de la Lombardie et de l'Allemagne : pourtant il n'a pas compris le mouvement communal, alors très puissant dans la vallée du Pô. Ces tentatives, qui lui ont coûté beaucoup d'argent et de temps, ont amoindri les capacités de résistance de l'Empire, qui se désagrégera en quelques années après sa mort accidentelle.
À la mort du dernier Salien, l'empereur Henri V (1125), plusieurs concurrents se présentent. L'un est le neveu de l'empereur et possède les Reichsinsignien, objets symboles de l'Empire, c'est Frédéric de Hohenstaufen, le père de Frédéric Barberousse. L'autre est le puissant duc de Saxe. Les grands préfèrent un homme qui s'est fortement compromis avec eux dans leurs luttes contre Henri V : ils élisent Lothaire de Supplinburg roi de Germanie. Les Hohenstaufen entrent dans l'opposition et se battent à plusieurs reprises contre les troupes impériales. Quand meurt Lothaire III, il laisse sa fille unique mariée au duc de Bavière, le Welf Henri le Superbe, à qui est promis en héritage le duché de Saxe, outre d'importants domaines impériaux en Italie. L'empereur lui a confié les Reichsinsignien : devant tant de puissance accumulée, les grands préfèrent alors élire Conrad de Hohenstaufen, puisque son frère est mort et que ses fils sont trop jeunes. En 1152, Conrad désigne son neveu Frédéric pour lui succéder après avoir eu de grandes difficultés avec la famille des Welfs de Bavière, qui supportent mal d'être évincés de l'Empire sans recevoir la Saxe en compensation. Comme Frédéric est le descendant des Saliens par sa grand-mère et que par sa mère Judith il est le neveu d'Henri le Superbe, Conrad III espère que cette désignation va réconcilier les Allemands.
Une fois élu, Frédéric commence par régler le problème des Welfs : Henri le Lion, fils d'Henri le Superbe, fait duc de Saxe quelques années plus tôt contre la Bavière, reçoit le duché de Bavière de surcroît (juin 1154). Immédiatement après, Frédéric fait son premier voyage en Italie : il tient une diète à Roncaglia, où il reçoit les doléances de certaines villes lombardes contre la toute-puissance de Milan, qu'il châtie en détruisant Tortona, son alliée. Il prendra ainsi une série de mesures brutales contre la capitale lombarde, qu'il envahit et fait raser en 1162. Mais il connaît mal la capacité économique des communes italiennes et leur force politique : Milan constitue alors la Ligue des villes lombardes, qui infligera une défaite très grave à Frédéric en 1176, à Legnano. Ces villes sont soutenues dans leur résistance par la papauté, qui très vite est entrée en conflit avec Frédéric.
En effet, celui-ci se rend en Italie en 1154 pour se faire couronner empereur ; il aide le pape Adrien IV à réprimer la commune romaine d'Arnaud de Brescia : il est couronné le lendemain de son entrée dans la ville (18 juin 1155), et les Romains qui se révoltent sont écrasés. Comme l'empereur dispose d'une armée assez réduite, il préfère retourner dans le nord de l'Italie. Une suite d'erreurs diplomatiques amène à la rupture : le nouveau chancelier de l'Empire, Rainald de Dassel, est un homme assez ambitieux, qui veut prouver la supériorité de l'empereur sur le pape en pratiquant la politique du pire. En 1159, la Curie élit Alexandre III pape, mais l'empereur suscite un autre pape, Victor IV. En 1164, quand meurt ce dernier, Rainald de Dassel fait élire Pascal III : le schisme se poursuit donc ; dans l'Empire, à partir de la diète de Wurtzbourg (1165), tous les[...]
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Écrit par
- Anne BEN KHEMIS : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale de Tunis
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