JOLIOT-CURIE FRÉDÉRIC (1900-1958)
Physicien français, né et mort à Paris. Ingénieur de l'École de physique et de chimie industrielles de la Ville de Paris, où il reçut l'enseignement de Paul Langevin, Jean Frédéric Joliot décide de se consacrer à la recherche scientifique et entre en 1925 à l'Institut du radium, dirigé par Marie Curie, dont il épouse, en 1926, la fille Irène. Enseignant à l'école d'électricité industrielle Charliat, il obtient son doctorat en 1930 (étude électrochimique des radioéléments).
Frédéric et Irène Joliot-Curie s'attaquent à l'étude du rayonnement pénétrant découvert en 1930 par Bethe et Becker, étude qui conduira à la découverte du neutron. À l'aide d'une source puissante de rayons α, d'une chambre d'ionisation, puis d'une chambre de Wilson construite par Frédéric, le physicien et Irène Joliot-Curie observent un rayonnement capable d'éjecter des noyaux d'hydrogène, d'hélium et d'azote (janvier 1932). Un mois plus tard, James Chadwick, utilisant un amplificateur proportionnel, interprète ces résultats par l'existence de particules électriquement neutres, dont la masse est celle du noyau d'hydrogène, qu'il appelle des neutrons.
En 1933, bombardant l'aluminium et le bore au moyen de rayons X, les Joliot-Curie observent l'émission d'un neutron et d'un électron positif (déjà découvert en 1932 dans le rayonnement cosmique par Anderson, Blackett et Occhialini). L'interprétation du phénomène (1934) par la création de radiophosphore et de radio-azote se désintégrant par rayonnement β+ (seuls les rayonnements α, β— et γ étaient alors connus) marque la découverte de la radioactivité artificielle, découverte qui leur vaut, en 1935, le prix Nobel de chimie.
Maître de conférences à la Sorbonne depuis 1934, F. Joliot-Curie est nommé, en 1937, professeur au Collège de France, Halban, Kowarski, Pontecorvo, Savel travaillent sous sa direction au laboratoire de chimie nucléaire. Outre la construction d'un accélérateur Van de Graaf de 1 MeV (1937) et la création du laboratoire de synthèse atomique d'Ivry, Joliot dirige la construction du cyclotron de 7 MeV du Collège de France, le premier d'Europe.
En 1938, à partir d'un résultat d'I. Joliot-Curie et de P. Savitch, O. Hahn et F. Strassmann montrent que l'uranium irradié par des neutrons conduit à la formation d'éléments plus légers. F. Joliot-Curie publie en janvier 1939 la preuve expérimentale de la fission des noyaux d'uranium et de thorium sous l'action d'un neutron, puis en mars 1939, avec Halban et Kowarski, celle de l'émission de plusieurs neutrons accompagnant la fission. La réaction en chaîne entre alors dans le domaine des réalisations possibles.
Les préoccupations de F. Joliot-Curie débordent cependant le cadre scientifique : dès 1934, il adhère au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, animé entre autres par Paul Langevin et le philosophe Alain. En 1939-1940, mobilisé, il poursuit, à la tête d'un groupe de recherches scientifiques, l'étude des réactions en chaîne et dépose avec Halban, Kowarski et J. Perrin des brevets sur la production et l'utilisation de l'énergie atomique, la propriété de ces brevets étant immédiatement transférée au C.N.R.S. (et ultérieurement au C.E.A.). Il obtient l'achat par la France du stock mondial d'eau lourde détenu par la Norvège, stock que Halban et Kowarski emporteront à Londres en juin 1940. Après l'armistice, refusant de quitter la France, il reprend la direction du laboratoire du Collège de France, partiellement occupé par les Allemands. Il participe en 1941 à la fondation du comité du Front national, où s'organise la lutte clandestine contre l'occupant, et adhère au Parti communiste. Le laboratoire de chimie nucléaire participe activement à la libération de Paris (1944).[...]
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Écrit par
- Agnès LECOURTOIS : physicienne
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