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DELIUS FREDERICK (1862-1934)

Frederick Delius figure, avec Edward Elgar (1857-1934), Michael Tippett (1905-1998) et Benjamin Britten (1913-1976), parmi les premiers compositeurs britanniques à avoir accédé à la renommée internationale après le déclin de la création musicale qui a suivi, outre-Manche, la mort de Henry Purcell, en 1695. Son écriture, proche tantôt de celle de Claude Debussy, tantôt de celle de Richard Strauss, n’est pas révolutionnaire. Aucunement avant-gardiste, il a cependant su habilement opérer la synthèse de différents courants esthétiques de son époque.

Un musicien impressionniste

Frederick Delius - crédits : History & Art Images/ Getty Images

Frederick Delius

Fritz Theodor Albert Delius naît le 29 janvier 1862 à Bradford, dans le Yorkshire, de parents d’origine allemande (en 1902, il anglicisera son prénom en Frederick). Musicalement, il est en grande partie autodidacte, puisqu'il se consacre d’abord aux affaires, passant quelques années en Floride, où il dirige une plantation d'orangers appartenant à sa famille, avant de partir étudier au conservatoire de Leipzig (1886-1888), où il devient l'élève et l'ami d’Edvard Grieg. L'influence du maître norvégien prédomine d’ailleurs dans ses premières œuvres, comme la suite orchestrale Florida (1886-1887) ou Five Songs From the Norwegian : Slumber Song, The Nightingale, Summer Eve, Longing, Sunset (1888). À l'âge de vingt-sept ans, en 1888, Delius s'installe en France, d'abord à Paris, où il fréquente la bohème littéraire et artistique, se liant alors d'amitié plutôt avec des peintres qu'avec des musiciens.

Puis Delius se retire en 1897 dans les environs de Fontainebleau, à Grez-sur-Loing. Le choix de ce lieu est significatif car c'est la région des peintres impressionnistes qu'il admire tant. Il épouse en 1903 le peintre allemand Helene Jelka Rosen, dont le style impressionniste ou plus exactement pointilliste se rapproche de son style musical, au sens où tous deux attachent plus d'importance aux couleurs ou à la lumière qu'à la forme : Delius peut à bien des égards être considéré comme un musicien impressionniste. C'est à cette époque qu'il commence à écrire de vastes fresques. Son écriture change sensiblement et l'admiration qu'il éprouve pour Richard Wagner lui fait adopter une technique de plus grande envergure qui engendre un style musical plus triomphal. Trois poèmes symphoniques naissent de ce changement d'esthétique : In a Summer Garden (1908), The Song of the High Hills (1911-1912) et Eventyr (1915), sous-titré Once upon a time ; les deux derniers évoquent des paysages montagneux de Norvège. Dans The Song of the High Hills, les chœurs et les voix solistes se joignent à un orchestre qui est déjà d’une grande ampleur. Son style postromantique qui mêle clarté, fraîcheur et grandeur, avec ses tutti orchestraux, fait de cette œuvre une sorte de pendant de l'Alpensinfonie de Richard Strauss (1911-1915).

À partir de 1915, la santé de Delius décline peu à peu pour aboutir dix ans plus tard à la paralysie et à la cécité. Mais le courage et le besoin absolu de création le poussent à continuer de composer, aidé d'un jeune musicien anglais, Eric Fenby (1906-1997), qui vient habiter chez lui en 1928 et à qui Delius dicte ses dernières œuvres. Delius meurt à Grez-sur-Loing le 10 juin 1934.

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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Média

Frederick Delius - crédits : History & Art Images/ Getty Images

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