Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SODDY FREDERICK (1877-1956)

Chimiste anglais né à Eastbourne et mort à Brighton (Angleterre). Après des études à Oxford, Soddy part pour le Canada. Il travaille à Montréal avec Ernest Rutherford qui étudie les propriétés radioactives de l'uranium, du thorium et du radium. Le premier résultat de leur collaboration est la théorie de la désintégration atomique : ils suggèrent que chaque atome radioactif se brise en formant un autre élément et en émettant une particule intra-atomique. Soddy reprend le vieux terme alchimique de transmutation pour désigner ce phénomène. Soddy et Rutherford proposent l'existence de deux séries radioactives, l'une commençant avec l'uranium et se terminant avec le plomb, la seconde partant du thorium et aboutissant également au plomb ; ils sont parmi les premiers à calculer la très grande quantité d'énergie associée aux transformations radioactives. Soddy retourne en Angleterre en 1903 et travaille à Londres avec Ramsay ; ils montrent que l'hélium se forme dans la décomposition radioactive du radium. Soddy est nommé en 1904 professeur à l'université de Glasgow et en 1919 à Aberdeen ; il devient ensuite en 1919 professeur à l'université d'Oxford où il prend sa retraite en 1936.

En 1913, soit quinze ans après la découverte de la radioactivité, les chimistes avaient découvert plus d'une quarantaine de nouveaux éléments dans les minerais de thorium et d'uranium, c'est-à-dire beaucoup plus que n’en laissaient encore disponibles le tableau de Mendeleïev. Par ailleurs, ces nouveaux éléments, ou radioéléments, présentent des propriétés chimiques identiques à celles d'éléments connus, tels l'uranium, le thorium, le bismuth, le plomb ou le tantale. Pour interpréter ces faits, Soddy propose en 1913 la théorie des isotopes : les isotopes occupent la même case dans le tableau périodique, présentent les mêmes propriétés chimiques, mais diffèrent par leurs poids atomiques et leurs durées de vie radioactive. Soddy indique également le principe de la formation des radioéléments par émission de particules α ou β. Theodore W. Richards apporte en 1914 une confirmation expérimentale de la théorie de l'isotopie en montrant que le poids atomique du plomb extrait d'un minerai contenant du thorium ou de l'uranium est, légèrement mais sûrement, différent de celui du plomb extrait d'un minerai non radioactif. L'existence d'isotopes dans de nombreux éléments non radioactifs tels le néon et le chlore va être rapidement établie, en particulier avec les travaux de Joseph J. Thomson et de Francis W. Aston. Soddy reçoit le prix Nobel de chimie 1921.

— Georges BRAM

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sud-XI-Orsay

Classification

Autres références

  • DE LA RADIOACTIVITÉ À LA FISSION DE L'ATOME - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 863 mots

    1896 Après la découverte des rayons X par le physicien allemand Wilhelm C. Röntgen en 1895, de nombreux savants recherchent des sources naturelles de rayons X. Le physicien français Henri Becquerel découvre fortuitement que des sels d'uranium émettent des rayons nouveaux, qu'il appelle...

  • ISOTOPE (chimie)

    • Écrit par
    • 344 mots

    Dans un article publié en décembre 1913 dans la revue Nature, le chimiste anglais Frederick Soddy (1877-1956) propose d'appeler « isotopes » les différentes variétés d'un élément chimique, car elles occupent la « même place » dans le tableau périodique de Mendeleïev. Depuis plusieurs années, Soddy...