DE KLERK FREDERIK WILLEM (1936-2021)
Homme politique sud-africain, Frederik De Klerk a été président de la République d’Afrique du Sud de 1989 à 1994, puis vice-président jusqu’en 1996, sous la présidence de Nelson Mandela avec qui il a contribué à mettre un terme au régime de l’apartheid.
Frederik Willem De Klerk est né le 18 mars 1936 à Johannesburg. Sa famille, afrikaner, est marquée par l'ultra-conservatisme d'une petite Église réformée – la Dopper Kerk. Comme son père, Jan, qui occupa plusieurs postes de ministre entre 1954 et 1968, F. W. De Klerk est formé dans un des bastions de l'enseignement afrikaans : l'université de Potchefstroom où il participe à la direction du mouvement de jeunesse du Parti national (NP).
En 1972, De Klerk entame sa carrière politique en remportant pour ce parti des élections législatives partielles à Vereeniging, où il est avocat depuis une dizaine d'années. Six ans plus tard, le Premier ministre Balthazar Johannes Vorster lui confie le portefeuille des Affaires sociales avant qu'il n'occupe des ministères plus importants dans les gouvernements de Pieter Wilhem Botha : les Mines et l'Énergie, l'Intérieur et l'Éducation nationale dès 1984.
Au début de 1982, face à la politique réformatrice définie par Botha, des mécontentements se font jour au sein du NP dont l'aile droite, attachée au maintien sans concessions de l'apartheid, défie le gouvernement. En faisant voter au niveau provincial l'exclusion d'Andries Treurnicht, chef des opposants à Botha, Frederik De Klerk devient alors leader du parti pour le Transvaal, renforçant ainsi sa position sur le plan national.
En janvier 1989, P. W. Botha est victime d'une attaque cérébrale et décide le 2 février d'abandonner la direction du parti qui se choisit alors De Klerk pour chef. Toujours président de la République, Botha ne bénéficie plus du soutien de ses partisans et finit par démissionner le 14 août. De Klerk devient président par intérim, puis est élu en septembre à la tête du pays.
À ce moment, les errements de son prédécesseur et la détérioration de la situation économique et politique contraignent le nouveau chef de l'État à des réformes d'envergure qui tranchent avec l'image de conservateur intransigeant dont on l'affuble alors. Le 2 février 1990, « vendredi rouge », Frederik De Klerk lève l'interdiction qui pèse sur le Congrès national africain (ANC) ainsi que sur d'autres organisations et annonce la libération des prisonniers politiques, dont Nelson Mandela.
L'état d'urgence est supprimé et toutes les lois d'apartheid sont abrogées dès 1991. Frederik De Klerk, qui engage des négociations avec l'ANC, doit cependant affronter une opposition dure de la part des extrémistes afrikaners qui l'accusent de brader les droits ancestraux de leur peuple. Le oui des électeurs blancs au référendum de 1992 lui donne toute latitude pour poursuivre les négociations avec Mandela et son camp. Malgré son opposition à la logique de l'État unique et au principe majoritaire proposés par l'ANC, De Klerk obtient des garanties sur les droits culturels et la conservation du pouvoir économique de la minorité blanche et accepte donc un accord, scellé en 1993 par la Constitution intérimaire. En avril 1994, l'ANC remporte les premières élections multiraciales du pays et le NP devient le principal parti d'opposition ; De Klerk passe alors le pouvoir à Mandela et endosse le rôle de vice-président de la République.
Après que la Constitution définitive a été promulguée, De Klerk et son parti quittent le gouvernement d'unité nationale en juin 1996. En août de l'année suivante, il annonce sa démission de la direction du Parti national et son retrait de la vie politique.
Prix Nobel de la paix en 1993 au côté de Mandela, De Klerk[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Benoît DUPIN : professeur agrégé, enseignant à Sciences Po Bordeaux, spécialiste de l'Afrique du sud, rattaché au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM)
Classification
Média
Autres références
-
AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD
- Écrit par Ivan CROUZEL , Dominique DARBON , Benoît DUPIN , Encyclopædia Universalis , Philippe GERVAIS-LAMBONY , Philippe-Joseph SALAZAR , Jean SÉVRY et Ernst VAN HEERDEN
- 29 784 mots
- 28 médias
L'arrivée au pouvoir de Frederik W. de Klerk en 1989 permet une rupture politique. Celui-ci annonce, en février 1990, la libération des prisonniers politiques dont Nelson Mandela, la fin de l'interdiction des organisations anti-apartheid et le démantèlement de la législation d'apartheid. Les principaux... -
APARTHEID
- Écrit par Charles CADOUX et Benoît DUPIN
- 9 061 mots
- 8 médias
En 1989, poussé par les modérés du Parti national et par les milieux d'affaires, Frederik W. De Klerk succède à P. W. Botha à la présidence de la République. Dès l'année suivante, dans le discours du 2 février 1990, il « franchit le Rubicon » en annonçant des réformes fondamentales (libéralisation... -
APARTHEID - (repères chronologiques)
- Écrit par Olivier COMPAGNON
- 352 mots
Mai 1948 Vainqueur des élections, le Parti national de Daniel F. Malan, héritier du « Parti nationaliste purifié » fondé en 1930, entreprend une politique de ségrégation raciale systématique.
1949 Une loi interdit les mariages entre Blancs et non-Blancs.
1950 Le Population Registration...
-
FIN DE L'APARTHEID EN AFRIQUE DU SUD
- Écrit par Olivier COMPAGNON
- 219 mots
- 1 média
En février 1991, le président sud-africain Frederik De Klerk annonce son intention de mettre un terme au régime d'apartheid (le terme signifie « séparation » en afrikaans) qui, depuis 1948, fait de la ségrégation raciale la clé de voûte de la vie politique, sociale et économique de son pays....