FRELON ASIATIQUE
Le frelon asiatique à pattes jaunes, Vespa velutina var. nigrithorax, a été observé en France pour la première fois en 2004 à Tonneins (Lot-et-Garonne), dans la région Aquitaine. Une ou plusieurs reines fondatrices seraient vraisemblablement arrivées avec des poteries importées de Chine. Cet insecte se distingue de l'espèce autochtone par sa plus petite taille (moins de trois centimètres), la couleur jaune de ses pattes et un abdomen noir orné d'une large bande orange et d'un liseré jaune sur son premier segment. Depuis son introduction en France, il ne cesse d'étendre son territoire, n'étant pas soumis ici aux multiples facteurs qui limitent sa population dans son aire d'origine (J. Beggs et al., « Ecological effects and management of invasive alien Vespidae », in Biocontrol, vol. 56, no 4, pp. 505-526, 2011).
Cette espèce de frelon est connue depuis longtemps en Asie pour son activité prédatrice envers les abeilles. En France, elle représente un facteur supplémentaire du déclin des colonies d'abeilles déjà fortement fragilisées pour de multiples raisons (pesticides, multiples parasites et ravageurs...). Le frelon asiatique est très vorace, se nourrissant d'une très grande variété d'insectes. Compte tenu de l'importance des proies capturées au cours d'une saison par une colonie ayant atteint la maturité, l'impact du frelon sur la faune locale d'insectes pourrait avoir des conséquences importantes sur la pollinisation qu'elle assure.
Le grand public s'inquiète des risques de piqûres à la vue des gros nids découverts après la chute des feuilles dans la frondaison des arbres. Toutefois, malgré quelques cas de décès, aucune augmentation significative du nombre de piqûres d'hyménoptères n'a été constatée dans les départements colonisés.
Les données concernant le suivi des populations montrent que le frelon asiatique s'est très rapidement répandu à travers le territoire : de trois nids recensés dans le Lot-et-Garonne en 2004, on est passé à près de deux mille pour l'année 2010 dans trente-neuf départements. Cet insecte occupe aujourd'hui l'ouest de la France, avec une forte présence en Nouvelle-Aquitaine, les conditions climatiques lui étant favorables. Claire Villemant et ses collaborateurs ont modélisé les potentialités d'expansion de l'espèce (« Predicting the invasion risk by the alien bee-hawking yellow-legged hornet Vespa velutinanigrithorax across Europe and other continents with niche models », in Biological Conservation, no 144, pp. 2142-2150, 2011). La plupart des pays d'Europe ont un risque non négligeable de voir Vespa velutina s'y acclimater, avec une probabilité plus forte le long des côtes, depuis la Nouvelle-Aquitaine jusqu'en Irlande, en Angleterre et aux Pays-Bas, au nord, et jusqu'en Espagne et en Italie, au sud. Enfin, plusieurs régions du monde (Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande, sud de l'Amérique du Sud) sont aussi potentiellement menacées, dans la mesure où le scénario d'importation du frelon, via le commerce international, peut facilement se répéter.
Dès 2007, l'éradication de Vespa velutina était considérée comme impossible en raison de son implantation géographique trop étendue. La suppression systématique des nids peut toutefois permettre de maintenir des niveaux de populations acceptables dans les zones densément peuplées. Les autres méthodes doivent être appliquées avec prudence et dans certaines conditions, car elles sont souvent synonymes d'effets indésirables envers les autres insectes (pièges à guêpes non sélectifs).
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Écrit par
- Franck MULLER : chargé d'études au service du patrimoine naturel du Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Média