JÉSUS FRÈRES DE
Dans le Nouveau Testament, on parle à plusieurs reprises des frères (ou des frères et sœurs) de Jésus : dans Jean, ii, 12, et Actes, i, 14, on les trouve en compagnie de Marie, sa mère, et même de ses disciples ; dans I Corinthiens, ix, 5, ils sont à côté des Apôtres. Quatre frères sont explicitement nommés : Jacques, Joseph, Simon et Jude (Marc, vi, 3) ; les sœurs ne sont jamais présentées nommément.
La question des frères de Jésus n'a cessé d'alimenter la polémique ; les accents se renforçant selon l'importance attachée et l'interprétation donnée au dogme de la naissance virginale de Jésus. Du côté catholique surtout, on a exploité les ressources du substrat sémitique (hébraïque ou araméen) du terme grec adelphos, dont le sens est obvie et identique au contenu moderne de « frère », pour défendre la thèse d'une parenté lointaine. Il est vrai que l'hébreu ancien n'avait pas de mot spécial pour désigner les cousins, proches ou éloignés, et faisait volontiers l'économie d'une périphrase (par exemple, « les fils de la sœur de la mère ») par l'usage élargi du terme ach (« frère ») ; celui-ci pouvait même aller parfois jusqu'à désigner les hommes originaires d'un même village. Du côté protestant, on a toujours été plus souple et d'aucuns ont admis que Marie, la mère de Jésus, ait eu d'autres fils. Il est vrai que certains textes, ceux de saint Paul par exemple, s'adressant à des lecteurs de culture gréco-judaïque, ont été écrits directement en grec : pour eux l'argument du substrat sémitique ne vaut guère.
Le problème est et demeure difficile à résoudre. Dépouillés de leur visée trop directement doctrinale, les arguments catholiques sont néanmoins à prendre au sérieux. De plus, dans les Actes (i, 14), « frères [du Seigneur] » peut très bien être une formule établie pour désigner dans l'Église primitive une catégorie particulière de chrétiens qui n'ont pas forcément des liens de parenté étroits avec Jésus le fils de Marie.
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Écrit par
- André PAUL : bibliste
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