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FRESSOZ ROGER, dit ANDRÉ RIBAUD (1921-1999)

Roger Fressoz, aussi connu sous son nom de plume, André Ribaud, est décédé le 25 mars 1999, sept ans après avoir quitté la direction du Canard enchaîné, véritable institution critique et satirique de la presse française.

Né le 30 octobre 1921, dans une famille de commerçants savoyards, il monte à Paris après ses études secondaires à Grenoble. Titulaire d'une licence ès lettres, il devient en 1945 courriériste, c'est-à-dire journaliste parlementaire pour divers titres, en particulier Franc-Tireur et Paris-Journal. Parallèlement il collabore à des quotidiens régionaux : L'Indépendant de Perpignan et L'Union de Reims. C'est en 1953 que Robert Treno, directeur du Canard enchaîné, l'attire à l'hebdomadaire, séduit par l'humour de ses chroniques parlementaires pour Franc-Tireur. Roger Fressoz va parallèlement rester critique cinématographique pour Témoignage chrétien de 1955 à 1960. En 1963, il devient rédacteur en chef adjoint du Canard enchaîné et, en décembre 1967, rédacteur en chef alors que Robert Treno devient lui-même directeur de la publication. À la mort de Treno le 31 décembre 1969, Roger Fressoz lui succède. En 1971, il recrute Claude Angéli, qui dirigera le Canard à partir de juillet 1992, après son départ en retraite.

Roger Fressoz débute au Canard enchaîné avec la rubrique « La Mare aux canards », mais la notoriété lui viendra avec sa chronique satirique du gaullisme « La Cour » illustrée par Moisan, comparaison de la Ve République du général de Gaulle avec le règne de Louis XIV ; c'est une des premières dénonciations des risques de dérive monarchique inhérents à la Constitution de 1958. Le général de Gaulle, dénommé « Mongénéral », est entouré d'une cour au sein de laquelle évoluent le « Prince de Bré », le « Marquis de Pompidou » qui deviendra, dans la suite de la chronique rebaptisée « La Régence », « Monsieur de Monboudif », croqué alors en compagnie du marquis « Charmant d'Elmas ». Cette chronique hebdomadaire, signée André Ribaud, obtiendra en avril 1962 le prix de la chronique parisienne.

Si Fressoz s'est attaché à maintenir la ligne éditoriale des fondateurs, Maurice Maréchal et Henri Paul Gassier, par le biais des chroniques et des caricatures, il a également entrepris de faire évoluer le contenu des articles en orientant le travail des journalistes vers l'enquête et l'investigation. Le Canard enchaîné est ainsi à l'origine de la dénonciation de quelques « affaires » comme l'affaire Boulin ou l'affaire des « diamants » de Valéry Giscard d'Estaing, ce qui lui attire les foudres du pouvoir. C'est ainsi que, dès 1973, le Canard est l'objet d'une véritable opération d'espionnage, l'opération « Palmes » – plus connue sous le nom d'affaire dite des « Écoutes du Canard » –, montée par Raymond Marcellin, ministre de l'Intérieur de Georges Pompidou ; malgré les actions intentées par la direction du journal, elle se conclura par un non-lieu. Autre signe de l'intérêt manifesté par le pouvoir pour le Canard, la publication en 1980 de la photocopie intégrale du dossier de police constitué sur le journal, avec des fiches sur les journalistes et les informateurs de l'hebdomadaire (C. Plume, X. Pasquini, Une enquête de police sur le « Canard enchaîné », éd. Picollec, 1980). Enfin, la publication en mai 1992 des avis d'imposition du P.-D.G. de P.S.A., Jacques Calvet, en pleine crise sociale au sein du groupe automobile, va conduire Roger Fressoz, en tant que directeur de la publication, dans une succession de procédures, qui aboutissent, le 21 janvier 1999, à la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l'homme pour violation de la liberté d'expression (article 10 de la C.E.D.H.) et au remboursement[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas, Institut français de presse

Classification

Autres références

  • CANARD ENCHAÎNÉ LE, hebdomadaire

    • Écrit par
    • 837 mots

    Principal hebdomadaire satirique français, Le Canard enchaîné, a été créé le 10 septembre 1915 par Maurice et Jeanne Maréchal, en riposte à la censure de la presse et à la propagande imposées par la guerre et ses difficultés. Le titre fait écho à L'Homme libre de Clemenceau,...