FRIDA KAHLO / DIEGO RIVERA. L'ART EN FUSION (exposition)
Le musée de l’Orangerie à Paris présente une exposition intitulée Frida Kahlo / Diego Rivera. L’art en fusion (9 octobre 2013 - 13 janvier 2014) dédiée à ces deux artistes, dont « l’histoire – écrit J.-M. G. Le Clézio dans l’essai qu’il leur a consacré,Diego et Frida (1993) – [est celle] d’ un couple exceptionnel qui allait bouleverser la peinture mexicaine et vivre totalement l’histoire de la modernité ». L’exposition qui rassemble des peintures et des dessins couvrant presque en totalité la période de production des deux artistes, ainsi que des photographies signées, entre autres, Gisèle Freund, Nickolas Muray ou Lola Alvarez Bravo, a été rendue possible par un prêt abondant du musée Dolores Olmedo (Mexico). Femme d’affaires et mécène de premier plan, Dolores Olmedo avait été la maîtresse de Rivera et elle l’a accompagné au cours des dernières années de sa vie, de 1954 (date de la mort de Frida Kahlo) jusqu’au décès du peintre en 1957. Elle a acquis un nombre important de toiles de Rivera, ainsi que, sur le conseil de celui-ci, vingt-cinq tableaux de Frida Kahlo. Cet ensemble constitue l’essentiel des œuvres présentées au musée de l’Orangerie.
Le chant de la terre mexicaine
L’exposition souligne assez bien certaines étapes qui marquent l’œuvre de l’un et de l’autre. De la période parisienne de Diego Rivera proviennent plusieurs paysages, dont Paysage du Midi (1918) où l’influence de Cézanne est palpable, et surtout des toiles appartenant à la période cubiste qui a assis la notoriété du peintre en France et a marqué un tournant important dans sa carrière. Indissociables de son art monumental, à la fois didactique et épique, les fresques murales, intransportables, qui ont fait la renommée de Rivera au Mexique et aux États-Unis, sont représentées ici par le biais d’une série de reproductions. Elles illustrent parfaitement la maîtrise de l’espace pictural dont faisait preuve Rivera dans ces immenses images, violentes et denses en personnages, où revit le passé du peuple mexicain et où bouillonne le devenir de l’humanité. Une d’elles comporte un des premiers portraits de Frida Kahlo : habillée de rouge, elle distribue des armes au peuple (L’Arsenal, 1928).
En contradiction avec les déclarations des muralistes qui prétendaient honnir la peinture de chevalet, l’exposition réunit quelques portraits et scènes de genre, comme L’Embarcation fleurie (1931) ou La Marchande d’arums (1943).
Chez Frida Kahlo comme chez Diego Rivera, le Mexique est omniprésent. Dès son retour définitif, en 1921, Rivera parcourt le pays d’un bout à l’autre, s’attardant dans l’isthme de Tehuantepec où il admire et peint la tenue des Indiennes dont Frida Kahlo se parera à partir de son mariage avec Rivera en 1929. En 1950, tous deux font poser un Indien Huichol : on retrouve ici le portrait de celui-ci peint par Rivera. Avec le talent de coloriste et la précision du trait qu’on lui connaît, il peint les provinciales – Femme assise avec des tresses (1941) –, mais aussi les ouvriers ou bien les paysans en révolte ou au travail, les institutrices rurales ou les ingénieurs bâtissant le Mexique moderne.
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Écrit par
- Claude FELL : professeur émérite à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média