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HEBBEL FRIEDRICH CHRISTIAN (1813-1863)

Le monde et l'homme

Cette même opposition se trouve encore dans les rapports entre Dieu et les hommes. Selon Hebbel, l'homme est un mal en Dieu comme Dieu est un mal en l'homme. Dieu a besoin de l'homme pour exister. Hebbel retourne donc le paradoxe chrétien d'un Dieu sacrifié sur la croix pour sauver l'homme et lui donner la vie éternelle. Désormais, c'est l'homme qui se sacrifie non pour se sauver lui-même mais pour sauver Dieu.

Ainsi donc l'ultime « purification » d'Albert se soumettant à son père qui a fait assassiner sa femme Agnès est beaucoup plus qu'un acte de conservatisme social : il est parvenu à comprendre ce qu'il y a de nécessaire dans les rapports entre l'homme et l'univers. Lorsque l'homme atteint ce but, il cesse d'être un individu, car il atteint à ce qu'il y a d'universel dans l'être qui comprend que Dieu n'existe que dans et par les contradictions mêmes du monde : « Il n'existe qu'une seule nécessité : que le monde existe. Comment l'individu s'en accommode importe peu. »

La critique allemande souligne à plaisir que le théâtre de Schiller est celui de la liberté, celui de Hebbel le drame de la nécessité. Sans doute, mais il n'est pas certain pour autant que l'on puisse conclure, comme on l'a fait si souvent, au nihilisme de Hebbel. Certes, la vision idéaliste du monde se révèle ici être le produit du mensonge humain, mais l'acceptation suprême du monde emporte le héros hebbelien bien au-delà du nihilisme dont le préserve toujours par ailleurs le sentiment du devoir moral d'exister.

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  • NIBELUNGEN

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    ...d'intérêt que pour le spécialiste. Deux d'entre elles seulement ont touché un public plus vaste. Suivant de près la Chanson des Nibelungen, Friedrich Hebbel a voulu « mettre le poème à la portée de la nation, sous une forme dramatique ». Mais c'est évidemment par la Tétralogie de Richard...