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SCHLEIERMACHER FRIEDRICH DANIEL ERNST (1768-1834)

Philologue, philosophe, théologien et prédicateur, Schleiermacher a voulu fonder la religion sur l'intuition (Anschauung) et sur le sentiment (Gefühl) : il reconnut à la théologie une spécificité qui ne lui fut plus contestée. Son œuvre entraîna une rupture dans la pensée théologique : dans sa synthèse, les vieilles oppositions entre rationalisme, supra-naturalisme et piétisme se trouvèrent intégrées. La théologie protestante se sentit désormais responsable du monde moderne et s'achemina vers une recherche qui essaie de réconcilier la foi et la culture, la civilisation et la religion.

« Un Herrenhuter d'espèce supérieure »

Friedrich Daniel Ernst Schleiermacher est né la même année que Chateaubriand, à Breslau, où son père exerçait les fonctions d'aumônier militaire réformé. Durant l'absence de celui-ci, la mère, originaire d'une famille de pasteurs calvinistes, prit en charge l'éducation de ses enfants. Schleiermacher en garda l'empreinte : celle d'un piétisme fervent, dans le style de la communauté des frères moraves que le comte de Zinzendorf avait fondée à Herrenhut en 1722. En 1783, il entre à l'école secondaire des frères moraves à Niesky, puis en 1785 à leur séminaire pastoral de Barby. Les frères moraves font preuve d'une certaine indifférence à l'égard des dogmes et préfèrent mettre l'accent sur la piété du cœur et sur le salut par le sang du Christ. Ils prêchent avant tout la conversion personnelle et la mise en pratique de la foi dans la vie de tous les jours. Enthousiasmé au début, Schleiermacher prend peu à peu conscience de l'étroitesse intellectuelle de cet enseignement. En 1787, il quitte Barby pour l'université de Halle. Il restera pourtant, sa vie durant, « un Herrenhuter d'espèce supérieure », comme il aimait à le répéter. À Halle, il étudie la philosophie (surtout Kant et Aristote), l'histoire, la philologie et la théologie. Deux tendances théologiques s'affrontent : le rationalisme, qui réduit le christianisme aux limites de la simple raison et décrit Jésus comme un maître spirituel surtout, et le supra-naturalisme, qui essaie de faire face et de sauver le dogme attaqué par les sciences et la philosophie. En 1790, Schleiermacher devient précepteur en Prusse orientale, puis, en 1793, pasteur à Landsberg (Poméranie), enfin, en 1796, aumônier de l'hôpital de la Charité à Berlin. Il aura l'occasion, avant d'arriver dans la capitale prussienne, de s'exercer à la pédagogie, à la prédication et de parfaire encore sa formation philosophique.

À Berlin, le prédicateur fréquente assidûment les salons littéraires. Il y rencontre les jeunes romantiques (Novalis, F. von Schlegel) et se lie d'amitié avec eux. Avec Schlegel, il fait des projets dont résulta une traduction de Platon que, pour finir, il assuma seul. Pour répondre aux interrogations de ses amis romantiques et aux inquiétudes des gens d'Église qui le voyaient fréquenter les salons, Schleiermacher publie, en 1799, le Discours sur la religion à ceux de ses contempteurs qui sont des esprits cultivés (Über die Religion. Reden an die Gebildeten unter ihren Verächtern), puis en 1800 des Monologues (Monologen, Neujahrsgabe). Une prise de parti un peu trop enthousiaste en faveur d'un ouvrage de Schlegel, Lucinde, lui vaut un exil à Stolp (Poméranie). Il y élabore une Critique de tous les systèmes de morale (Grundlinien einer Kritik der bisherigen Sittenlehre, 1803). L'année suivante, il est nommé professeur et aumônier universitaire à Halle, où il publie en 1805 une célébration de La Fête de Noël (Die Weihnachtsfeier). Lors de la fermeture de l'université de Halle, Schleiermacher revient à Berlin : jusqu'à sa mort, il y œuvre comme prédicateur, professeur de théologie et membre de l'Académie des sciences. Comme ouvrages[...]

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  • CRITIQUE LITTÉRAIRE

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