JACOBI FRIEDRICH HEINRICH (1743-1819)
Le savoir intuitif : l'intellect et la raison
Au fil de ses écrits, et surtout dans les deux derniers cités, Jacobi rassemble les éléments de sa doctrine de la « foi », qui devait susciter tant de malentendus. Il est vrai que, déjà dans sa polémique avec Mendelssohn, il avait précisé fort nettement que la foi dont il parlait et qu'il considérait comme indispensable à toute forme de connaissance et à toute philosophie était une foi en laquelle « tous nous sommes nés », une foi donc bien différente de la foi positive professée par telle ou telle religion. Mais, désormais, son discours se précise encore, c'est ainsi qu'il distingue l'intellect comme faculté de la connaissance médiate, discursive, démonstrative, et la raison comme faculté de la connaissance intuitive du suprasensible et du spirituel. L'intellect occupe alors une position intermédiaire entre deux sortes de connaissance immédiate et indémontrable, l'une ayant pour objet le sensible, l'attribution à l'être humain d'une connaissance intuitive du suprasensible (condition de tout ce qu'il y a de vrai, de bon et de beau en lui-même et dans la nature) établit entre l'homme et l'animal une différence non seulement de degré mais de nature et de qualité. C'est précisément cette thèse qui explique finalement l'intérêt que Hegel reconnut à la critique de Jacobi contre toute forme de savoir purement fini et au profit d'une reconnaissance de la présence du spirituel en l'homme. Mais, d'un autre côté, avec la thèse qui présentait la raison comme une limite infranchissable pour la personne humaine, la philosophie de Jacobi allait en venir, même après la mort de l'auteur (à Munich), à exercer une certaine influence sur les courants qui, de diverses façons, prirent position contre Hegel et sa conception dialectico-spéculative de la raison.
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Écrit par
- Valerio VERRA
:
dottore in filosofia e professore ordinario di storia della filosofia nell'università di Roma
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