SCHORR FRIEDRICH (1888-1953)
Fils d'un cantor hongrois, le baryton-basse Friedrich Schorr (né le 2 septembre 1888 à Nagyvarád, aujourd'hui Oradea, en Transylvanie roumaine) étudia le chant à Vienne. Après de modestes essais à Chicago, il débuta sur scène à Graz en 1912, dans le rôle de Wotan de La Walkyrie, qu'il devait chanter plus de trois cents fois. De là, il gagna Prague, puis Cologne. En 1923, après une tournée triomphale, le Metropolitan Opera de New York l'engage. Il devait y rester vingt ans, continuant de chanter aussi à Berlin jusqu'à ce que la montée du nazisme le conduise à quitter l'Allemagne. Assez vite, il se consacra exclusivement au répertoire germanique classique, romantique et contemporain. Il participa à la création américaine de Jonny spielt auf de Ernst Køenek et fut un mémorable Barak de La Femme sans ombre de Richard Strauss. Mais c'est dans Wagner qu'il donnait sa pleine mesure d'artiste. Il apportait à l'œuvre du compositeur allemand un lyrisme d'une expressivité rare, qui rompait avec le culte de la véhémence, voire de la vocifération. Grâce à l'intensité de sa voix, capable de donner une projection puissante à un simple murmure et dotée d'un aigu somptueux, grâce à son art souverain de la ligne, du phrasé et de la nuance, les personnages acquéraient une vie et une affectivité frémissantes. Hans Sachs et, surtout, Wotan n'étaient plus des héros mythiques, mais seulement des hommes. À lui seul, Schorr a ouvert un nouveau et long chapitre de l'histoire du chant wagnérien.
Friedrich Schorr meurt le 14 août 1953 à Farmington, dans le Connecticut.
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Écrit par
- Philippe DULAC : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure
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