HABER FRITZ (1868-1934)
Chimiste allemand né à Breslau et mort à Bâle. Haber suit à Berlin les cours du physicien Hermann von Helmholtz et du chimiste August W. von Hofmann puis à Heidelberg ceux du chimiste Robert W. Bunsen. De retour à Berlin, il prépare et soutient en 1891 une thèse de doctorat en chimie organique. En 1894, il obtient un poste de chargé de cours à l'université de Karlsruhe, y est nommé professeur en 1901 et y restera jusqu'en 1911. Il oriente alors ses travaux vers la chimie physique. Il s'intéresse ainsi à la réduction de composés organiques, comme le nitrobenzène, à la cathode d'une cellule électrochimique et en étudie le mécanisme. Parmi les résultats qu'il obtient à cette époque, on doit noter la conception et la réalisation d'une électrode de verre pour mesurer l'acidité des solutions aqueuses.
Au début du xxe siècle, les composés azotés (engrais, explosifs, etc.) jouent un rôle économique essentiel. L’origine principale de ces composés est alors le Chili qui dispose de gisements importants de nitrates. Haber s'intéresse à la possibilité d'obtenir l'ammoniac, précurseur des composés azotés, par réaction de l'azote atmosphérique avec l'hydrogène. Après une étude très fine des facteurs thermodynamiques de la réaction, Haber détermine les conditions optimales de température et de pression et trouve un catalyseur efficace permettant d'effectuer la synthèse de l'ammoniac dans des conditions économiques intéressantes. En 1909, une petite unité pilote est réalisée et en 1910 l'entreprise chimique Badische Anilin und Soda Fabrik (B.A.S.F.) adopte le procédé.
Haber est nommé en 1911 directeur de l'Institut de chimie physique et d'électrochimie Kaiser-Wilhem construit pour lui à Berlin-Dahlem.
C'est la maîtrise de la synthèse de l'ammoniac qui permet à l'Allemagne, durant la guerre de 1914-1918, de disposer de quantités suffisantes d'explosifs et de munitions, malgré le blocus maritime qui la prive des nitrates du Chili. Haber est en Allemagne l'organisateur efficace de la guerre des gaz qui débute en 1915 par l’utilisation du chlore, et culmine en 1917 avec celle de l'ypérite. Aussi, lorsque Haber reçoit en 1918 le prix Nobel de chimie pour la synthèse de l'ammoniac, cette nouvelle provoque un véritable tollé et amène les autorités suédoises à se justifier.
Dès leur arrivée au pouvoir en Allemagne en 1933, les nazis interdisent l'emploi de juifs dans les établissements publics. Haber est d'origine juive mais, directeur d'institut, il n'est pas touché par ces mesures lorsqu'elles sont édictées (ces exemptions seront très vite supprimées !) ; cependant, indigné, il démissionne immédiatement avec éclat.
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Écrit par
- Georges BRAM : professeur à l'université de Paris-Sud-XI-Orsay
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