LANG FRITZ (1890-1976)
Amérique, 1934-1957 : la maturité
La carrière américaine de Lang fut plus disparate mais tout aussi riche que sa période allemande. Aussi germanique qu'il était en Allemagne, il fut américain aux États-Unis, et cette apparente rupture ne fut en réalité que le fruit d'une évolution intérieure. Allant d'une compagnie à une autre, Lang devient plus éclectique – c'est-à-dire plus universel – que jamais. Il attaque le lynchage (Furie) et l'intolérance sociale (J'ai le droit de vivre). Hitler et sa clique sont la cible de plusieurs de ses films (Le Ministère de la Peur, Cape et poignard, Chasse à l'homme et surtout Les bourreaux meurent aussi, consacré à l'assassinat d'Heydrich, et pour lequel Lang fit appel à Bertolt Brecht). Il adapte des classiques de la littérature française : La Bête humaine de Zola (Désirs humains) et La Chienne de Georges de La Fouchardière (La Rue rouge), étrangement transposés aux États-Unis.
Du cinéma américain, il prend les deux genres les plus dramatiques : le western et le film policier, y retrouvant ses vieux thèmes de la vengeance, de la corruption, de la soif de puissance et de la justice. Ce sont Le Retour de Frank James, équivalent américain de la légende des Nibelungen, L'Ange des Maudits, Les Pionniers de la Western Union, Règlement de comptes, La Cinquième Victime, L'Invraisemblable Vérité. Au milieu de cette carrière apparaissent des films rares, flamboyants chefs-d'œuvre comme Les Contrebandiers de Moonfleet et House by the River qui sont à la fois un temps de réflexion et la preuve éclatante d'une perfection stylistique.
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Écrit par
- Patrick BRION : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3
Classification
Média
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