REINER FRITZ (1888-1963)
Au milieu du xxe siècle, une série de chefs d'orchestre hongrois de grand talent vont émigrer aux États-Unis, où ils contribueront à jeter les bases d'une vie symphonique de haut niveau. Fritz Reiner fut l'un des premiers à faire ce parcours, avant ses compatriotes George Szell, Eugene Ormandy et Antal Dorati.
Fritz Reiner naît à Budapest le 19 décembre 1888. À l'Académie Franz-Liszt de sa ville natale, il étudie le piano avec István Thomán et Béla Bartók, et la composition avec Hans Koessler. Il donne son premier concert à l'âge de treize ans, en jouant la partie soliste d'un concerto pour piano de Mozart. Il fera également des études juridiques. Mais le compositeur Leó Weiner l'a convaincu de se consacrer à la direction d'orchestre. Reiner est engagé comme répétiteur au Népszínház-Vígopera de Budapest, où il débute dans Carmen en 1909, en remplaçant au pied levé un chef d'orchestre malade. En 1910 et 1911, il dirige au Landestheater de Laibach (aujourd'hui Ljubljana, en Slovénie), où il donne notamment la première locale de Parsifal. De 1910 à 1914, il dirige au Népopera de Budapest. En 1914, il est nommé directeur musical de la Staatskapelle de Dresde, qui assure également les services de la Hofoper de Dresde, où il débute en dirigeant la Tétralogie de Wagner sans la moindre répétition. Il restera à Dresde jusqu'en 1921. C'est là qu'il découvre la musique de Richard Strauss, dont trois grands opéras ont été créés sur la scène de la Hofoper : Salomé, Elektra, Le Chevalier à la rose ; il a l'occasion de les diriger régulièrement. C'est lui qui est au pupitre pour la première allemande de La Femme sans ombre, le 23 octobre 1919. Il est invité à Hambourg, Berlin, Vienne, Rome et Barcelone. En 1922, il se voit offrir la succession d'Eugène Ysäye comme directeur musical de l'Orchestre symphonique de Cincinnati, poste qu'il conservera jusqu'en 1931, faisant de cet orchestre une phalange respectée. Il apporte la tradition austro-allemande du répertoire classique et romantique et crée un véritable style d'exécution de cette musique, alors totalement absent dans les orchestres américains en dehors des grandes métropoles. Il adopte la nationalité américaine en 1928.
Reiner est engagé comme professeur de direction d'orchestre au Curtis Institute of Music de Philadelphie (1931-1941), où il comptera notamment parmi ses élèves des personnalités aussi diverses que Leonard Bernstein, Lukas Foss, Nino Rota, Vincent Persichetti, Walter Hendl, Felix Slatkin, Richard Purvis. En 1935, il commence à diriger à l'Opéra de San Francisco, où il reviendra régulièrement jusqu'en 1938. Au cours de la saison 1936-1937, il dirige au Covent Garden de Londres des représentations mémorables de Tristan et Isolde pour les débuts londoniens de Kirsten Flagstad, avec Lauritz Melchior. Puis il prend la direction de l'Orchestre symphonique de Pittsburgh (1938-1948) ; il dirige ensuite régulièrement au Metropolitan Opera de New York (1948-1953), où il débute avec Salomé de Richard Strauss ; pendant cinq saisons, il y conduira 143 représentations, principalement les opéras de Mozart, Wagner et Richard Strauss, mais aussi Carmen, et la première américaine du Rake's Progress de Stravinski, en 1953. En 1955, il est invité à diriger Les Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner à la Staatsoper de Vienne pour la saison inaugurale du nouveau théâtre reconstruit. Devenu directeur musical de l'Orchestre symphonique de Chicago (1953-1962), son exigence, sa recherche de la perfection et des moyens non négligeables lui permettent de s'entourer d'instrumentistes de très haut niveau et de faire de cet orchestre l'une des plus belles phalanges du monde. La perfection d'exécution est alors une réalité, avec une sonorité brillante et incisive devenue[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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CHICAGO ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE
- Écrit par Alain PÂRIS
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