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FUÉGIENS

Chono, Alakaluf et Yamana

On ne sait presque rien sur les Chono, sinon qu'ils ont disparu vers la fin du xviiie siècle, soit par extinction, soit par fusion avec les Chilotes qui habitaient le nord de leur domaine ou avec les Alakaluf installés au sud. Les Alakaluf et les Yamana sont mieux connus grâce aux relations de voyage des xvie, xviie et xviiie siècles (quatre-vingt-une expéditions depuis le passage du détroit par Magellan en 1520 jusqu'au premier voyage de Darwin en 1832), aux expéditions scientifiques et aux missions des xixe et xxe siècles et grâce aussi à quelques fouilles récentes.

Il est probable que le peuplement des archipels de Patagonie occidentale et de la Terre de Feu s'est fait à partir de Chiloé par des groupes déjà adaptés à une vie marine. Le plus ancien site de pêcheurs nomades que l'on connaisse actuellement se trouve à Englefield dans la mer d'Otway. Il est daté du VIIIe millénaire avant J.-C. L'industrie est très différente de celle des Alakaluf des temps historiques. Il n'existe pas de datation pour les sites des archipels de la Terre de Feu.

Les Alakaluf et les Yamana des temps historiques appartiennent à des groupes linguistiques distincts, mais ils sont physiquement et culturellement très proches. La taille est petite (moyenne de 1,56 m pour les hommes alakaluf), la constitution de type dysharmonique avec un tronc robuste et des membres inférieurs grêles, le teint jaune-brun, la bouche large avec des lèvres volumineuses, les yeux brun foncé, les cheveux noirs, épais et lisses.

Les campements sont constitués de huttes de branchages recouverts de peaux de phoque. L'alimentation est presque exclusivement carnée (baleine, phoque, oiseaux, poissons, coquillages, auxquels, pour les Yamana, il faut ajouter le guanaco, sorte de lama). Le vêtement traditionnel comportait une simple cape de peau recouvrant les épaules ; il est abandonné depuis la fin du xixe siècle. Colliers, ornements de plumes, peintures corporelles ne sont plus aujourd'hui en usage. Depuis cent ans, les haches de pierre ont été remplacées par des haches de métal qui ont servi à fabriquer les derniers canots traditionnels faits d'un tronc d'arbre creusé, dont le type a coexisté avec le canot d'écorces cousues. La principale arme de chasse est restée jusqu'au milieu du xxe siècle le harpon en os de baleine. Les Yamana ont connu aussi l'arc et la flèche.

Le groupe social fondamental était la cellule familiale à descendance patrilinéaire. En dépit des affirmations des premiers voyageurs, Alakaluf et Yaghan possédaient de nombreux mythes relatifs à des croyances complexes, dont certaines ont été recueillies.

Les nomades pêcheurs des archipels occidentaux ont presque disparu. Les autorités militaires chiliennes ont sédentarisé les derniers survivants en deux points, à Puerto Eden sur l'île Wellington où sont regroupées quelques dizaines d'Alakaluf, à la base militaire de Puerto Williams sur l'île Navarino où une cinquantaine de Yaghan mènent la vie des petits éleveurs de l'extrême sud. La plupart sont métissés. À la disparition culturelle de ces groupes doit dans un très proche avenir s'ajouter l'inéluctable extinction de leur type physique.

— Annette LAMING-EMPERAIRE

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