FUJIAN [FOU-KIEN]
Province littorale du sud-est de la Chine, située en face de Taiwan, le Fujian couvre 123 000 kilomètres carrés et comptait 35 580 000 habitants selon les estimations de 2006. Des massifs granitiques inférieurs à 2 000 mètres mais extrêmement abrupts occupent la quasi-totalité de la province, en deux alignements principaux, parallèles à la côte, correspondant à deux grandes lignes de failles : les Wuyishan à l'ouest, qui sont les plus importants, et les Daiyunshan à l'est. Les plaines n'occupent que 10 p. 100 de la superficie de la province : ce sont soit les vallées étroites des rivières principales, perpendiculaires aux reliefs comme celle du Minjiang, soit des vallées affluentes parallèles aux lignes de relief, comme les petits deltas de Fuzhou, de Quanzhou, de Zhangzhou et d'Amoy (Xiamen). Le littoral est extrêmement découpé et frangé de plus de six cents îles, dont les principales forment les archipels de Dongshan, de Matsu et de Quemoy.
Un climat presque tropical y fait régner des hivers doux : la moyenne de janvier est supérieure à 10 0C, et le régime pluviométrique est abondant (plus de 1 500 mm). Ce climat est toutefois caractérisé par les fréquences des typhons (4 ou 5 par an) qui sévissent ici avec la plus grande violence en automne. Fait remarquable en Chine orientale, le Fujian a conservé une importante couverture forestière, très riche, où se mêlent les espèces tropicales sempervirentes (camphriers) et caducifoliées (laquiers, bambous) et les espèces tempérées (conifères, lianes diverses). Le taux de couverture forestière, avec 52,4 p. 100, est le plus important de toutes les régions chinoises.
Ce climat permet aussi une agriculture extrêmement intensive dans les plaines côtières et les fonds de vallées ; bien des terroirs donnent trois récoltes annuelles : riz en été, choux en automne, blé et soja en hiver. Les pentes sont mises en valeur par des cultures sèches, maïs, millets et patates douces, dont la production a été considérablement développée depuis 1950. Mais ce sont surtout les plantations qui occupent les massifs du Fujian avec des vergers d'orangers, de longaniers, de bananiers. Les plantations de thé (le cru le plus célèbre est celui des Wuyishan) ont fait la célébrité et la prospérité du Fujian et de ses ports. La canne à sucre est la grande production des régions méridionales. L'exploitation des forêts et la pêche sont d'autres ressources notables.
Par contre, la province est pauvre en ressources minérales : un peu de charbon et de minerai de fer sont extraits à Zhangping et à Hua'an dans l'arrière-pays d'Amoy. À l'exception de Sanming et de Nanping, centres d'exploitation du bois, situés entre les Wuyishan et les Daiyunshan dans les vallées affluentes du Minjiang, les villes du Fujian sont implantées sur le littoral ; elles se sont développées en tant que ports d'exportation du thé et centres d'émigration d'une partie des Chinois installés aujourd'hui en Asie du Sud-Est.
La perte de toutes ces activités avec la révolution fut en partie compensée par la construction des voies ferrées reliant Amoy et Fuzhou au réseau de la Chine orientale et permettant une certaine industrialisation de ces villes, tandis que les autres, comme Quanzhou et Zhangzhou , sont restées essentiellement des marchés et des centres de traitement des produits agricoles de leur arrière-pays, tels que le sucre et les fruits.
Par la suite, le développement du Fujian a d'abord été lié au statut accordé par le pouvoir central aux villes de Xiamen et de Fuzhou. Bénéficiant d'un excellent site portuaire à l'embouchure du Jiulongjiang, Xiamen (Amoy), « port ouvert » en 1842 et grand port d'émigration, a été l'une des quatre zones économiques spéciales mises en place en 1979 ; selon les estimations de 2005, sa population atteignait 1 532 000[...]
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Écrit par
- Pierre TROLLIET : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
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