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FUKUDA SHIGEO (1932-2009)

Diplômé de l'école des Beaux-Arts de Tōkyō, sa ville natale, en 1956, Fukuda Shigeo s'oriente vers le graphisme publicitaire et la fabrication de jouets. L'année 1967 est marquée par une suite d'événements qui seront décisifs pour sa carrière : ainsi le choix de son projet d'affiche pour l'exposition internationale d'Ōsaka alors en préparation et une exposition personnelle regroupant jouets et objets de sa fabrication à la galerie I.B.M. de New York, cette dernière entraînant l'acquisition de quelques-unes de ses œuvres par le musée d'Art moderne de cette ville.

Dans le domaine du graphisme, Fukuda Shigeo se révèle comme l'homme des séries. En 1974, Self Defense prend pour motif la tour de Pise : à partir du monument devenu le symbole du déséquilibre et de la rupture probable, il crée d'autres déséquilibres, savamment composés dans le dessein d'alerter l'opinion sur les déséquilibres urbains. En 1975, il réalise des affiches sur le thème de l'amitié (Friendship). L'image de la poignée de mains le conduit à proposer un ensemble de variations : mains délimitées par un trait en forme de fil de fer barbelé, mains dont l'une détient un cadenas et l'autre la clé, mains donnant naissance à une troisième main... En 1975 toujours, à l'occasion des jeux Olympiques de Montréal (1976), il crée la série Victory autour de la silhouette d'un athlète. En 1976, la série consacrée au Mont Fuji lui permet de renouveler complètement l'image de la montagne sacrée chère à ses compatriotes : il dessine de la façon la plus dépouillée le sommet d'un volcan d'où jaillit ici un morceau de ressort, là un arbre. Par la suite, Fukuda reprendra le thème de la poignée de mains dans un certain nombre d'œuvres : Interdesign (1981), Calpis (1982), Earthday (1982) — série d'affiches écologiques —, thème qui deviendra désormais sa marque distinctive. D'autres thèmes reviennent fréquemment dans son œuvre : la paix, le désarmement, le racisme, la guerre.

Dans Les Cent Sourires de Mona Lisa, 1971, Fukuda Shigeo, de concert avec son compatriote Makoto Nakamura, utilise les procédés de reproduction de la photogravure et de l'imprimerie pour les détourner de leur fonction habituelle et en faire des moyens de création directs (exposition Japon-Joconde, Paris, 1971, organisée par François Mathey et François Barré).

L'artiste utilise des procédés ludiques pour enrichir son expression : l'origami, qui consiste à découper une forme dans une feuille pliée en deux, en quatre, en huit... Une fois le papier déplié, celui-ci propose non seulement une série de formes identiques, mais également des vides, identiques eux aussi. En s'appuyant sur les idées d'identité, de répétition, de vide et de plein, il s'emploie à donner, par exemple, des formes masculines aux pleins, des formes féminines aux vides. Le graveur néerlandais Escher s'était également livré à ces jeux optiques. Mais Fukuda va débarrasser cette démarche de tout ce qui pourrait l'entacher de préciosité et lui donner la netteté d'un jouet peint. La construction de jouets est d'ailleurs l'une de ses activités favorites — jouets à forme double : « ... un chameau devient un coquetier et un chat un décapsuleur » (Masaru Katsumi). Il élabore aussi des objets inutilisables : tasse dont l'anse est à l'intérieur, vis à double pas de vis, ciseaux à trois branches... qu'il érige parfois en monuments. Dans toutes ses activités, Fukuda Shigeo adopte une attitude de dépassement : pour lui les vides égalent les pleins, les objets utilitaires peuvent se combiner autrement et devenir inutiles, un objet ludique peut être une chose ou une autre... Ce qui chez certains artistes n'était que divertissement, que curiosité visuelle tout juste digne de figurer dans les « marges » de l'art, fait l'objet, de sa part, de[...]

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