FUNGI IMPERFECTI
Principes de classification
En l'absence des critères naturels fournis par la reproduction sexuée, la classification des champignons imparfaits est fondée sur la morphologie de leurs appareils de multiplication végétative. Actuellement, le seul système de classification à peu près exhaustif reste celui de P. A. Saccardo (1884-1886) ; il accorde une importance primordiale à l'aspect du champignon et aux caractères de couleur et de septation des spores. La présence ou l'absence d'un organe de fructification défini détermine quatre ordres : les Sphœropsidales, dont les conidies se développent à l'intérieur d'un conceptacle ou pycnide ; les Mélanconiales qui produisent leurs conidies sur un réceptacle plat ou acervule ; les Hyphomycétales (= Hyphales) dont les appareils conidiens sont épars sur le mycélium ; les Mycelia sterilia, représentés par un thalle dépourvu de spores. Les Sphæropsidales et les Mélanconiales, qui forment un groupe biologiquement homogène, sont parfois réunies sous la dénomination collective de Cœlomycètes. L'ordre des Hyphomycétales, de loin le plus important (plus de 600 genres), comporte quatre familles fondées sur des critères de valeur inégale, couleur du thalle et des spores, groupement des conidiophores : les Mucédinacées, de couleur claire, et les Dématiacées, noires ou de teinte sombre, ont leurs conidiophores libres ; les Tuberculariacées ont des conidiophores courts groupés sur de petits stromas pustuleux ou tubercules ; les Stilbacées sont caractérisées par des faisceaux compacts de conidiophores associés en corémies ou synnemas. Les unités systématiques d'ordre inférieur sont enfin définies par le mode de septation des spores, puis par leur disposition sur les conidiophores.
Ce système se présente, avant tout, comme une clé dichotomique destinée au classement et à l'identification des champignons imparfaits ; à ce titre son utilité est indéniable, en dépit des nombreuses critiques qu'on peut lui faire. Les taxinomistes modernes recherchent des bases de classification plus rationnelles, qui rendraient compte des attributs essentiels des organismes et de leurs affinités réelles. Le critère d'ordre biologique introduit par Mason (1933) met ainsi l'accent sur les mécanismes qui assurent la dispersion des spores, organes de propagation du champignon : les Xerosporae produisent des spores sèches, aisément dispersées par le vent ; les Gloiosporae, des spores gluantes, transportées par l'eau ou par les insectes ; toutefois, ce caractère n'est pas suffisamment stable pour déterminer des coupures taxinomiques précises.
Une notion beaucoup plus féconde fut introduite par P. Vuillemin (1910-1912) ; elle tend à définir les formes conidiennes par l'analyse des mécanismes de la conidiogenèse. Deux types fondamentaux de spores mitotiques sont ainsi définis (qui présentent eux-mêmes diverses modalités) : les thallospores, provenant de la transformation d'éléments préexistants du mycélium végétatif, et qui, en général, ne s'en séparent pas facilement ; les conidiospores, éléments néoformés, extérieurs au thalle duquel ils se détachent rapidement.
La contribution la plus importante à la taxinomie des Hyphomycètes est due à S. J. Hughes (1953). À la suite de Vuillemin, ce savant considère qu'il existe seulement un petit nombre de procédés par lesquels les conidies peuvent se développer à partir d'autres cellules ; ces différents types de sporogenèse définissent des groupements naturels, à l'intérieur desquels viendront s'insérer les formes imparfaites morphologiquement comparables. Cette classification comporte huit sections fondées sur la nature et l'ontogénie des spores ; sa publication a suscité une série de travaux, parmi lesquels ceux du Japonais Tubaki semblent le plus près d'aboutir à un système exhaustif et cohérent[...]
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Écrit par
- Jacqueline NICOT : sous-directrice du laboratoire de cryptogamie au Muséum national d'histoire naturelle
Classification
Autres références
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CHAMPIGNONS
- Écrit par Jacques GUINBERTEAU , Patrick JOLY , Jacqueline NICOT et Jean Marc OLIVIER
- 10 958 mots
- 17 médias
Les fungi imperfecti ne représentent pas une entité taxonomique fiable ; ce sont essentiellement des ascomycètes, mais aussi quelques basidiomycètes qui ne réalisent pratiquement jamais (ou dont on ne connaît pas) la reproduction sexuée (fig. 10). Ils se multiplient par des propagules morphologiquement... -
LEVURES
- Écrit par Jacques BOIDIN , Encyclopædia Universalis , Jean-Bernard FIOL et Simone PONCET
- 3 435 mots
- 2 médias
...les Levures sporogènes ou « Levures vraies » sont donc des champignons Ascomycètes. Beaucoup de champignons levuriformes n'ont, à l'inverse, jamais montré d'ascospores et sont des Levures anascosporées ou « Levures fausses », classées, de ce fait, dans les Fungi imperfecti. -
MYCOSES
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Patrick JOLY et Gabriel SEGRETAIN
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La plupart des champignons pathogènes sont des Fungi imperfectidont la reproduction sexuée est inconnue. Ils sont répartis dans la classification de ces champignons sans former un groupe particulier. On trouve des Mycelia sterila qui ne produisent aucune spore, des levures anascosporées qui se multiplient...