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FUREUR ET MYSTÈRE, René Char Fiche de lecture

René Char - crédits : Patrick Horvais/ Gamma-Rapho/ Getty Images

René Char

Ainsi que le fait remarquer Jean Roudaut dans sa Préface aux Œuvres complètes de René Char (Bibliothèque de La Pléiade, 1982), la trajectoire poétique de Char, depuis 1928 (Les Cloches sur le cœur), s'étendant sur plus de cinq décennies, est d'une cohérence exemplaire. Souvent datés, situés dans des lieux précis, solidaires des aléas de l'histoire, dédiés à des « alliés substantiels », les proses et les vers mêlés de Char semblent adresser leur voix, à la fois amicale et exigeante, douce et tranchante, au-delà des temps.

Un puits de boue et d'étoiles

Composé d'un mélange de poèmes et d'aphorismes, le recueil Fureur et mystère, paru en 1948, est constitué de cinq « livres » : Seuls demeurent (1945), Feuillets d'Hypnos (1946), Les Loyaux Adversaires, Le Poème pulvérisé (1945-1947) et La Fontaine narrative (1947). Rassemblant des textes écrits entre 1938 et 1947, après que Char se fut éloigné des surréalistes en 1935, la genèse du recueil coïncide avec l'une des périodes les plus agitées du siècle à laquelle le poète sut répondre par des engagements sans concession (la Résistance dans les maquis des Basses-Alpes sous le nom de « capitaine Alexandre ») et par une grande activité créatrice (même s'il ne publia rien entre 1938 et 1945) : vie et écriture sont les faces conflictuelles et inséparables d'un même « choix de vie ». « Né de l'appel du devenir et de l'angoisse de la rétention, le poème, s'élevant de son puits de boue et d'étoiles, témoignera presque silencieusement qu'il n'était rien en lui qui n'existât vraiment ailleurs, dans ce rebelle et solitaire monde des contradictions », dit l'« Argument » du Poème pulvérisé. Écrire, selon René Char, c'est témoigner, répondre à un appel, sortir comme par effraction des cadres étroits d'une subjectivité refermée sur soi. Refusant les effusions lyriques, les hésitations, le poète fait le choix de la création, qui est avant tout action : « La poésie est de toutes les eaux claires celle qui s'attarde le moins aux reflets de ses ponts./ Poésie, la vie future à l'intérieur de l'homme requalifié » (« À la santé du serpent », XXVI, Le Poème pulvérisé).

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René Char - crédits : Patrick Horvais/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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