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SCARPELLI FURIO (1919-2010)

Indissociable de son alter ego Agenore Incrocci (1919-2005), Furio Scarpelli s'est éteint alors qu'il n'avait pas renoncé à suivre de nombreux projets. Dans le cinéma italien où les couples de scénaristes furent nombreux – on peut penser à Steno et Monicelli, Metz et Marchesi, Ennio Flaiano et Tullio Pinelli, Massimo Franciosa et Pasquale Festa Campanile, Leo Benvenuti et Piero De Bernardi, Ruggero Maccari et Ettore Scola... –, la « marque » Age et Scarpelli était une garantie. De la fin des années 1940 au début des années 1980, les deux hommes ont alimenté le cinéma italien en dizaines de films mémorables.

Né en 1919 à Rome, Furio Scarpelli exerce dans les années 1940 ses talents de caricaturiste dans le journal humoristique Marc'Aurelio – il y croise Steno, Federico Fellini et plus tard Ettore Scola. De là, il suit la pente naturelle qui le conduit à passer au cinéma. Il s'associe à Age pour écrire à partir de la fin des années 1940 une série impressionnante de comédies interprétées par des acteurs à succès, Totò notamment. Ainsi, en 1949, Scarpelli est à la fois coscénariste et assistant de Carlo Ludovico Bragaglia pour Totò le moko, avant de signer la même année son premier film avec Age, Totò cerca casa, de Steno et Mario Monicelli. S'ensuivent plusieurs films pour Mario Mattoli, Giorgio Simonelli, Metz et Marchesi, Mario Soldati, Eduardo De Filippo, Gianni Franciolini. Peu à peu, les sujets deviennent plus ambitieux, par exemple pour Totò e Carolina (1953) de Monicelli, Il segno di Venere (1955) de Dino Risi, Padri e figli (1957) de Monicelli, Nata di marzo (1958) d'Antonio Pietrangeli. Les deux scénaristes vont devenir une des clés de voûte de la comédie « à l'italienne », et participer à son mûrissement et à l'approfondissement de ses thématiques : ils signent ainsi avec Suso Cecchi D'Amico le scénario de l'œuvre fondatrice Le Pigeon (1958) de Monicelli. Ils associent désormais leur nom aux œuvres les plus importantes de cette période : La Grande Guerre (1959), Les Camarades (1963), L'Armée Brancaleone (1966), Brancaleone s'en va-t-aux croisades (1970), Romanzo popolare (1974) de Monicelli ; Tutti a casa (1960), A cavallo della tigre (1961), Il commissario (1962) de Comencini ; Mafioso (1962) d'Alberto Lattuada ; Il maestro di Vigevano (1963) d'Elio Petri ; Les Monstres (1963), La Femme du prêtre (1970), Au nom du peuple italien (1971) de Risi ; Séduite et abandonnée (1964), Ces messieurs dames (1966) de Pietro Germi ; Drame de la jalousie (1970) de Scola ; L'Agnese va a morire (1976) de Giuliano Montaldo, sans oublier en 1977 Les Nouveaux Monstres, film à sketches de Monicelli, Risi et Scola qui clôt un cycle historique. En 1980, ils signent le scénario de La Terrasse d'Ettore Scola, incontestablement le sommet de leur carrière. Leur filmographie comprend encore des œuvres de Luigi Zampa, Sergio Leone (Le Bon, la brute et le truand, 1966), Nanni Loy, Vittorio Gassman, Nino Manfredi...

Pour débrouiller les éléments constitutifs de leur étroite collaboration, il faut lire les entretiens qu'ils ont accordés ou prendre connaissance du livre d'Alessio Accardo Age & Scarpelli. La storia si fa commedia (Rome, 2001). À Age s'attache un sens aigu du récit, à Scarpelli une lucidité critique qui permet d'aborder tous les sujets, y compris les plus graves. Au début des années 1980, le « couple » se défait et les deux scénaristes ne se retrouvent qu'occasionnellement, par exemple pour Il tassinaro (1983) d'Alberto Sordi ou Le Fou de guerre (1985) de Dino Risi. Scarpelli continue à travailler seul, notamment pour Ettore Scola (Le Bal, 1983 ; Macaroni, 1985 ; La Famille, 1987 ; Le Voyage du capitaine Fracasse, 1990 ; Le Dîner, 1998 ; Concurrence déloyale, 2001). Il collabore aussi avec d'autres réalisateurs,[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne

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  • SCOLA ETTORE (1931-2016)

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    • 916 mots
    • 1 média

    Figure importante du cinéma italien, d'abord comme scénariste, puis comme cinéaste à partir de 1964, Ettore Scola a construit une œuvre composite et cohérente à la fois, dominant de sa stature la commedia all'italiana, où il excelle avec Risi, Monicelli et Comencini jusqu'à la fin...