FUSIONS-ACQUISITIONS
Les conséquences des fusions-acquisitions
Les conséquences des opérations de fusion-acquisition touchent tant les actionnaires que les consommateurs et les entreprises concurrentes. Elles dépendent généralement du motif de l'opération et du mode d'acquisition.
Les conséquences patrimoniales pour les actionnaires
Dans le cas d'investissements classiques ou de croissance interne, tout projet rentable accroît normalement la richesse des actionnaires de l'entreprise. Pour les opérations de croissance externe, deux entreprises – et donc deux groupes d'actionnaires, ceux de la cible et ceux de l'acquéreur – sont concernées. La rentabilité des opérations pour chaque groupe dépend de deux éléments : la rentabilité intrinsèque du projet (synergies) ; la répartition du gain éventuel entre les groupes d'actionnaires.
La présence de synergies est une condition nécessaire de la profitabilité de l'opération pour l'ensemble des actionnaires. Elle ne garantit pas sa rentabilité du point de vue des deux groupes concernés. Le bénéfice de l'opération pour les actionnaires de chacune des deux entreprises est lié à des conditions portant sur le prix d'acquisition en cas de paiement en numéraire, et sur le taux d'échange de titres appelé « parité » en cas de paiement en titres. En ce qui concerne la répartition probable des gains, elle va dépendre de l'objectif poursuivi, du mode d'acquisition et de la structure de l'actionnariat.
Les conditions sur la fourchette de prix (acquisition en numéraire) ou sur la parité (acquisition en titres)
En pratique, l'établissement d'un prix ou d'une parité nécessite l'évaluation des deux sociétés et des synergies générées par l'opération.
Les conditions de rentabilité pour les actionnaires de l'entreprise acquéreuse comme pour ceux de l'entreprise visée sont simples en cas de financement en numéraire. Elles le sont moins en cas de paiement en titres (fusion, O.P.E. ou apport partiel d'actifs). Dans le cas d'un financement en numéraire, les actionnaires de l'entreprise visée B vendront leurs titres seulement si le prix offert par action est supérieur à leur valeur quand la société est indépendante. De même, l'acquisition ne sera profitable pour les actionnaires de l'entreprise acquéreuse A que si la valeur des deux entreprises réunies, diminuée du montant P déboursé globalement pour l'acquisition, est supérieure à la valeur initiale de leur société. Pour que ces deux conditions soient réunies, l'opération doit générer des synergies nettes de coûts (rémunération des intermédiaires...) positives.
Un exemple chiffré permet d'illustrer ce propos : supposons qu'initialement le capital social de A soit réparti entre 1 million de titres valant chacun 20 euros (soit une valeur boursière totale de 20 millions d'euros), que celui de B soit réparti entre 0,4 million de titres valant chacun 10 euros (soit une valeur boursière totale de 4 millions d'euros pour B) et que les synergies totales soient estimées à 3 millions d'euros (soit une valeur totale de A et B réunies de 27 millions d'euros). Chaque actionnaire de B exigera donc un prix supérieur à 10 euros ; du point de vue des actionnaires de A, le montant P payé globalement ne doit pas dépasser 7 millions d'euros (27 — P ≥ 20). Les conditions de rentabilité pour chaque groupe d'actionnaires conduisent ainsi à une fourchette allant de 4 à 7 millions d'euros globalement, soit un prix compris entre 10 et 17,5 (= 7/0,4) euros par action de B.
En reprenant les données de l'exemple précédent, supposons que la société A propose d'échanger deux actions de B contre une action de A. Cette parité égale à 1/2 semble a priori dépourvue d'intérêt pour les actionnaires de la société[...]
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Écrit par
- Patricia CHARLÉTY : professeur d'économie et finance (E.S.S.E.C.), chercheur à l'unité mixte de recherche Théma (Théorie économique, modélisation et applications) C.N R.S.-université de Cergy-Pontoise
- Saïd SOUAM : docteur en sciences économiques, professeur agrégé des Universités, université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
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Médias
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