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GABON

Nom officiel République gabonaise
Chef de l'État et du gouvernement Brice Oligui Nguema - depuis le 30 août 2023
Capitale Libreville
Langue officielle Français
Population 2 484 789 habitants (2023)
    Superficie 267 670 km²

      Article modifié le

      Indépendant depuis le 17 août 1960, le Gabon, situé en Afrique du Centre-Ouest, compte 2,4 millions d’habitants au milieu des années 2020, pour une superficie de 267 667 kilomètres carrés. C’est essentiellement un pays de plateaux et de collines. Plusieurs massifs montagneux présentent cependant des éléments vigoureux d'un relief généralement tourmenté dont les formes de détail sont occultées par une épaisse végétation forestière couvrant 82 % du territoire.

      Le réseau hydrographique est très dense. Le principal fleuve du pays, l'Ogooué, draine 72 % du territoire, mais n'est aisément navigable que dans son cours inférieur, où il alimente de nombreux lacs. Néanmoins, il a constitué, au xixe siècle, la principale voie de pénétration vers l'intérieur de l'Afrique centrale.

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      Le Gabon regorge de richesses naturelles. À côté de nombreuses essences forestières précieuses, dont la principale, commercialisée, est l'okoumé, le pétrole, le manganèse, l'or et, bientôt, le fer et le niobium, constituent la base d'une économie dont l'exploitation et la commercialisation des matières premières assurent au pays l'essentiel de ses ressources financières. Mais environ 80 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté.

      Sur le plan politique, après une expérience multipartiste débutée en 1945 et poursuivie sous la présidence de Léon Mba, premier chef d'État du Gabon indépendant, El Hadj Omar Bongo, qui lui succéda en 1967, institua un an plus tard un régime de parti unique auquel les troubles et la conférence nationale de 1990 mirent fin en imposant le retour au multipartisme. Mais, disposant de pouvoirs très étendus, Omar Bongo fut réélu président et le resta jusqu’à sa mort en 2009. Son fils aîné Ali Bongo, qui lui a succédé, fut renversé par un coup d’État en 2023.

      Gabon : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Gabon : carte physique

      Gabon : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Gabon : drapeau

      Géographie

      Situé de part et d'autre de l'équateur, riverain du golfe de Guinée, le Gabon couvre 267 667 kilomètres carrés ; il se confond en grande partie avec le bassin de l'Ogooué. Sa frontière orientale correspond à la ligne de partage des eaux entre ce bassin et celui du Congo. Au nord, les frontières résultent de traités internationaux conclus entre la France et l’Espagne (pour la Guinée équatoriale), entre la France et l’Allemagne (pour le Cameroun). La délimitation entre Gabon et Congo a changé à plusieurs reprises sous le gouvernement de l'Afrique-Équatoriale française ; la dernière modification territoriale a rattaché le Haut-Ogooué au Gabon le 1er janvier 1947. L'économie repose sur l'exploitation de ressources naturelles variées (bois, manganèse, uranium jusqu'en 1999, et surtout pétrole) qui ont donné au Gabon l'image d'un eldorado. Son revenu par habitant se classe parmi les plus élevés du continent africain : 14 000 dollars ppa (à parité de pouvoir d'achat) en 2021.

      Un pays peu peuplé

      Dans l’attente du recensement décennal, la population est estimée en 2023 à 2,4 millions d’habitants (dont environ 20 % d’étrangers originaires d’Afrique de l’Ouest et du Centre). Avec une densité de seulement 8,5 hab./km2, le Gabon fait partie de l’aire de faible peuplement de l’Afrique centrale. Les premiers temps du contact colonial s’étaient soldés par une hémorragie démographique (choc épidémiologique, épidémies de varioles, maladie du sommeil, à l’origine de la création en 1913 de l’hôpital du docteur Albert Schweitzer à Lambaréné, etc.) qui n’a pris fin qu’au cours des années 1920 avec le début de l’action sanitaire coloniale. Toutefois, une fécondité inférieure aux moyennes africaines, de forts taux de stérilité et une mortalité infantile élevée ont longtemps caractérisé la démographie gabonaise. À l'indépendance, la population n’atteignait pas 500 000 habitants. C'est pour comprendre les causes de l'infécondité et y remédier que le Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF) a été créé en 1974. Depuis lors, la santé de la reproduction s’est beaucoup améliorée, mais le Gabon demeure parmi les quelques pays d’Afrique tropicale à croissance démographique modérée. Les estimations de 2022 donnaient un indice synthétique de fécondité de 3,5 et un taux de croissance annuelle de 2 % (contre 5,6 et 3,1 % pour l'Afrique centrale)

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      Autre particularité, le Gabon détient le taux de population urbaine le plus élevé du continent (85 %). Les retombées de l'économie extractive minière et pétrolière, et la création massive d'emplois publics ont accéléré l'exode rural. Deux grandes villes littorales concentrent la moitié de la population gabonaise : l’agglomération de Libreville, la capitale politique, incluant le port d’Owendo, compte environ 1 million d’habitants ; Port-Gentil, la « capitale économique », quelque 150 000.

      Dans l’intérieur du pays, le pôle urbain du Haut-Ogooué s’organise autour du chef-lieu de la province et de deux cités minières. Franceville, forte d’environ 100 000 habitants, a été rebaptisée officiellement Masuku à l’occasion de son centenaire en 1980, mais les deux noms restent en usage. La ville bénéficia des largesses de la famille Bongo, originaire d’un village voisin. Moanda, ville du manganèse et véritable pôle économique régional, compte environ 70 000 habitants ; Mounana, qui dépendait entièrement de l’exploitation de l’uranium, est en revanche en berne depuis la cessation d’activité de la Compagnie des mines d’uranium de Franceville (COMUF) en 1999.

      La population gabonaise compte une quarantaine d'ethnies réparties entre huit groupes linguistiques de la famille bantoue, auxquels s'ajoutent quelques milliers de Pygmées. La riche diversité des productions culturelles, notamment des œuvres sculptées, a fait la renommée du Gabon : « byéri » fang, figures de reliquaire kota, masques blancs mpongwé et pounou, statuettes téké, etc. Les Fang, présents aussi au sud du Cameroun et en Guinée équatoriale, constituent le groupe le plus nombreux (25 à 30 %). Les Batéké, dont la plus grande partie du territoire se trouve dans les deux Congo, et les Obamba occupent des positions politiques importantes car Omar Bongo Ondimba, président de la République de 1967 à 2009 et son fils et successeur Ali Bongo, renversé en 2023, sont issus de ce groupe. Dans le triangle Libreville-Lambaréné-Port-Gentil, les Myéné en contact précoce avec les Européens (xve siècle) comptèrent parmi les premiers « évolués » selon les catégories établies par l'administration coloniale. La répartition des postes et des fonctions politiques entre les différentes ethnies, cette « géopolitique » dans laquelle excellait Omar Bongo, a constitué un gage de paix sociale et d'unité nationale facilité par les petits effectifs de population de cet « émirat équatorial ».

      Omniprésence de la forêt équatoriale et économie forestière

      Canopée, forêts du Gabon - crédits : D. Louppe/ CIRAD

      Canopée, forêts du Gabon

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      Par sa position sous l'équateur (entre les latitudes 2° 30' N et 3° 55' S) et son exposition aux masses d'air atlantique, le Gabon est abondamment arrosé : entre 3 000 mm au nord-ouest (Cocobeach) et 1 500 mm au sud-ouest (plaine de la Nyanga). La saison sèche ne dure en moyenne que trois mois (juin à août) pendant lesquels l'humidité atmosphérique atténue les effets de la faiblesse des précipitations. Les températures sont constamment élevées, les moyennes mensuelles oscillent entre 23 °C et 29 °C. L'amplitude diurne ne dépasse pas 6 °C sur la côte, 10 °C dans l'intérieur. Ces paramètres définissent un climat équatorial propice à la forêt dense humide.

      Celle-ci couvre environ 85 % du territoire. Les savanes correspondent le plus souvent à des affleurements sableux (plateaux Batéké, plaine côtière) ou schisto-calcaires (plaines de la Ngounié et de la Nyanga). Les formations forestières offrent une très grande biodiversité : près de 8 000 espèces végétales dont plusieurs centaines d'espèces arborées. Les forêts primaires couvrent encore des superficies importantes au nord-est du Gabon, dans des régions pratiquement inhabitées, parcourues seulement par des Pygmées entre Minvoul et Mekambo. La plupart des forêts sont toutefois de type secondaire, comme en atteste la présence de l'okoumé, présent dans les trois quarts du pays. Cette essence héliophile a été disséminée à la faveur des défrichements : elle s'installe dans les clairières de culture comme dans toute autre trouée permettant aux rayons du soleil d'atteindre le sol. La forêt constitue le milieu de vie ancestral des agriculteurs bantous ; elle est le pivot de leur système de production fondé (outre les activités de cueillette, chasse et pêche) sur l'agriculture itinérante sur brûlis à longue jachère forestière (20 à 30 ans). Manioc, introduit du Brésil par les Portugais, banane plantain, tubercules (igname, taro), arachide constituent la base d'une alimentation qui trouve ses protéines animales dans le gibier, le poisson et la volaille, l’élevage bovin étant limité à quelques ranches dans les savanes du Sud en raison de la trypanosomiase.

      La forêt à okoumé a fait la richesse du Gabon colonial depuis que ses qualités comme bois de déroulage pour la production de placages et de contreplaqués ont été reconnues, à l'extrême fin du xixe siècle. Jusqu'à l'indépendance, l'okoumé a représenté la quasi-totalité des exportations gabonaises. Depuis lors, le pétrole a éclipsé le secteur bois, alors même que la production a augmenté (entre 2 et 3,5 millions de m3 par an depuis le début du xxie siècle selon les fluctuations du marché, très orienté vers l’Asie) et s’est diversifiée (ozigo, acajou, limba, sapelli, moabi, padouck, etc.). La forêt demeure la ressource renouvelable par excellence. Plus d’un siècle d’exploitation a certes entraîné des modifications écologiques, mais le capital forestier a été pour l’essentiel préservé : le taux annuel de déforestation n’est que de 0,1 % par an. Les parcs naturels et espaces protégés couvrent par ailleurs 13 % du territoire. Une dizaine de grandes sociétés dominent le secteur ; elles ont commencé à mettre en pratique des principes de gestion durable considérés comme exemplaires. La forêt n’est pourtant pas à l’abri de la menace que fait peser la pression croissante exercée par les pays émergents, principalement asiatiques, gros demandeurs de bois et peu soucieux d’environnement, notamment les entreprises chinoises de plus en plus puissantes et accusées de ne pas respecter le Code forestier. Pendant plus d’un siècle, l’essentiel de la production a été exporté à l’état brut sous forme de grumes, par les ports de Port-Gentil, d’Owendo (Libreville), et Mayumba. L’industrie a fait un premier pas avec l’implantation d’une usine de contreplaqué à Port-Gentil en 1947 (sous le contrôle depuis l’an 2000 du groupe italien Cora). Lorsque l’exportation des grumes à l’état brut a été interdite en 2009, la transformation du bois ne représentait qu’environ 20 % des volumes produits. De nombreuses usines ont été créées depuis lors, notamment dans la zone d’activité de Nkok, à une trentaine de kilomètres de Libreville, conçue sur le modèle chinois des zones économiques spéciales (ZES). Cette nouvelle politique a permis une meilleure valorisation des matières premières forestières et la création de nombreux emplois. Les grumes ne subissent toutefois qu’une première transformation (sciages, placages, contreplaqués) dans l’attente du développement d’une industrie du meuble encore embryonnaire.

      Les ressources du sous-sol : économie rentière et infrastructures

      Au cycle de l'okoumé a succédé, au tournant de l’indépendance, celui du pétrole et des productions minières (manganèse et uranium), accentuant le caractère rentier de l'économie. Le pétrole a été découvert au sud de Port-Gentil par la Société des pétroles d'Afrique-Équatoriale française (SPAEF), fondue dans Elf Gabon en 1973 (devenue Total Gabon en 2003, puis TotalEnergies EP Gabon en 2021). La compagnie française a longtemps partagé avec Shell Gabon l'essentiel d'une production répartie entre l'onshore et l'offshore. Après avoir atteint un pic de 18 millions de tonnes en 1995, la production a amorcé un déclin, avant de stagner autour de 11 millions de tonnes entre 2010 et 2020 ; elle est descendue à 9 millions de tonnes en 2022. Les compagnies historiques se désengagent. En 2017, Shell a cédé ses actifs à Assala Energy, absorbé depuis lors par le fonds d’investissement américain Carlyle. Après le coup d’État d’août 2023, la société Maurel & Prom et le gouvernement gabonais se sont affrontés pour son rachat. Le nouveau pouvoir entend tirer un meilleur parti de l’exploitation pétrolière en nationalisant Assala. Le différend s’est finalement conclu en faveur de l’État en février 2024, sous réserve que celui-ci trouve les fonds nécessaires. Les grandes manœuvres en cours traduisent la volonté du nouveau pouvoir gabonais de mieux contrôler les ressources de son sous-sol mais, en même temps, elles soulignent la dépendance du Gabon aux énergies fossiles, au détriment des préconisations écologiques émanant des pays du Nord. Il est vrai que le pétrole représente encore près de 40 % du PIB et 70 % de la valeur des exportations (2020). Cependant, sauf nouvelles découvertes toujours possibles, notamment en offshore, le poids du pétrole dans l’économie gabonaise devrait continuer à diminuer, contraignant à la recherche d’autres ressources.

      Le secteur minier, autre pilier de l’économie gabonaise, connaît un net regain d’activité. Depuis 1962, la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog), filiale du groupe français Eramet, exploite le manganèse à Moanda dans le Haut-Ogooué, la plus importante réserve mondiale. Elle n’a plus le monopole de la production : avec l’arrivée de Nouvelle Gabon Mining (filiale de l’indien Coalsale Group) à Okondja et de la Compagnie industrielle et commerciale des mines de Huazhou à Ndjolé, le secteur se mondialise en s’ouvrant aux investisseurs asiatiques. La production a augmenté de façon spectaculaire depuis les années 2010, en réponse à une demande mondiale portée par la production de batteries pour les véhicules électriques, atteignant 10 millions de tonnes de minerai en 2022 dont 7,5 pour la Comilog. La production de silico-manganèse (usine de Moanda) représente un début de valorisation du minerai, dont la plus grande part est encore exportée à l’état brut.

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      L’exportation du manganèse du Haut-Ogooué a représenté un véritable défi logistique et un enjeu géopolitique. Entre 1962 et 1986, le minerai a été convoyé par un téléphérique de 76 kilomètres, à l’époque le plus long du monde, entre la mine et la frontière du Congo, puis par voie ferrée (chemin de fer Comilog connecté au Congo-Océan) jusqu’au port de Pointe-Noire. Depuis l’achèvement en 1986 du chemin de fer Transgabonais reliant Franceville à Libreville, la production est exportée par le port gabonais d’Owendo. Le Transgabonais, magnifié comme « ciment de l'unité nationale », a contribué à rapprocher la périphérie du Haut-Ogooué de la capitale, tout en levant l’hypothèque de la dépendance envers le Congo pour le transfert du minerai. Par ailleurs, c’est dans cette même province qu’a été installé le puissant émetteur de Moyabi, lequel, depuis 1981, diffuse sur une large partie de l’Afrique les émissions d’Africa n° 1 (Africa Radio depuis 2019).

      La « montagne de fer » de Belinga, à l’extrême nord-est du Gabon, représente un autre atout pour l’économie minière. Les réserves d’un minerai à haute teneur sont estimées à un milliard de tonnes. Belinga fait l’objet, depuis les années 1950, de multiples spéculations. L’américain Bethleem Steel fut un temps intéressé et participa à la création de la Société des mines de fer (Somifer) en 1959. Plus tard, le brésilien Vale fit part de son intérêt. Puis ce fut le tour de China National Machinery & Equipment Import & Export Corporation (CMEC), qui signa une convention en 2006 avec l’État gabonais en vue de la construction des infrastructures ferroviaires (voie ferrée jusqu’à Booué sur le Transgabonais) et portuaires (port minéralier à Santa Clara au nord du cap Esterias), préalable nécessaire à l’exploitation de la mine. En l’absence de concrétisation, l’accord est devenu caduc. Le gouvernement gabonais a signé en 2022 une nouvelle convention avec l’australien Fortescue Metals Group, associé à un fonds émirati dans Ivindo Iron SA. L’extraction à ciel ouvert a commencé mais la question du transport reste entière. Plus d’un demi-siècle de tergiversations confirme que l’exploitation du potentiel minier gabonais est assujettie à la demande mondiale et aux stratégies des sociétés d’extraction sur lesquelles le Gabon n’a pas de prise. C’est la raison pour laquelle d’autres voies de développement sont envisagées afin de sortir du piège de la dépendance rentière, en misant sur le secteur longtemps négligé de l’agriculture et sur l’économie verte.

      Zones économiques spéciales et développement

      Depuis les années 1970, tous les plans de développement proclament l’urgence de préparer « l’après-pétrole » en valorisant les ressources durables. Face à la baisse tendancielle de la production pétrolière, le Plan stratégique Gabon émergent-Vision 2025, élaboré en 2009 dès l’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba a fixé comme priorités l’agriculture et les industries de transformation en faisant appel à un nouvel acteur, le géant singapourien de l’agro-industrie Olam, fondé par la famille indienne Gupta. En 2010, Olam Gabon, via sa filiale Arise, a présidé à la création, avec l’État gabonais, de la zone économique spéciale de Nkok (GSEZ, pour Gabon Special Economic Zone). Dix ans plus tard, le parc industriel qui couvre 1 200 hectares compte une centaine d’entreprises, majoritairement dans la filière bois et quelque 4 000 salariés. GSEZ est par ailleurs devenue un véritable instrument d’aménagement du territoire avec la création d’une ZES à Ikolo (Lambaréné) en 2021 et à Mpassa Lebombi (Franceville) en 2022.

      Les concessions forestières du groupe Olam couvrent 143 000 hectares dont 60 000 plantés en palmiers à huile (Mouila, Kango) et 10 000 en hévéas (Bitam). Le Gabon ambitionne de devenir un des premiers exportateurs d’huile de palme d’Afrique. À cet effet, Olam a construit la plus grande usine d’huile de palme du continent à Mouila en 2017. Mais, bien que la production ait significativement augmenté depuis 2020, le Gabon reste un producteur modeste (120 000 tonnes en 2022). Parallèlement aux plantations industrielles, l’État tente de dynamiser les exploitations paysannes. Avec le programme GRAINE (Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés) mis en place en 2014, il encourage le retour à la terre de citadins sans emploi. Mais, dans un environnement rural dévitalisé, déserté par les jeunes, il n’a pas donné de résultats probants, ni dans la culture de palmiers à huile, ni pour les cultures vivrières. Véritable gouffre financier, le programme s’est avéré incapable de réduire la dépendance alimentaire du Gabon.

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      L’arrivée au pouvoir de Brice Oligui Nguema en juillet 2023 remet en cause les positions acquises du groupe de Gagan Gupta, qui fut très proche d’Ali Bongo. Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a recommandé en 2024 le démantèlement des « cartels » qui furent les piliers du régime, au premier rang desquels Olam et Arise. Cette prise de position pourrait conduire à une réorganisation de GSEZ, déjà agité par des mouvements sociaux depuis le début des années 2020 (revendications salariales, « gabonisation » d’un encadrement majoritairement étranger), d’autant que les recettes fiscales n’ont pas été à la hauteur des réalisations économiques. Le modèle des zones économiques spéciales a en réalité reproduit un schéma de la dépendance, avec désormais comme maîtres du jeu des acteurs asiatiques.

      — Roland POURTIER

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      Écrit par

      • : docteur d'État ès lettres et sciences humaines, professeur titulaire des Universités, enseignant à la faculté des lettres et sciences humaines de Libreville
      • : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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      Gabon : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

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      Gabon : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

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      Canopée, forêts du Gabon - crédits : D. Louppe/ CIRAD

      Canopée, forêts du Gabon

      Autres références

      • GABON, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
      • AFRIQUE-ÉQUATORIALE FRANÇAISE (A-ÉF)

        • Écrit par
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        Jusqu'en 1883, les possessions françaises d'Afrique équatoriale ont été administrées par un officier de marine portant le titre de commandant supérieur des Établissements français du golfe de Guinée. Le 16 décembre 1883, l'administration du Gabon est détachée de celle...

      • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Histoire et traditions

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        L'art gabonais est un art religieux, fortement enraciné dans les structures sociales de chaque communauté. Le masque, ou la statue, n'est pas par lui-même un objet sacré : c'est le réceptacle ou le support d'une force spirituelle que le groupe souhaite utiliser. L'image de bois est un symbole et un...
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      • BAKOTA ou KOTA

        • Écrit par
        • 410 mots

        Population bantoue, du groupe nord-ouest, les Bakota (ou Kota, singulier Mukota) constituent une des populations forestières du Gabon, comme les Fang, leurs voisins, avec lesquels ils partagent de nombreux traits. Au nombre d'environ 44 000, ils sont dispersés dans l'est du Gabon et au Congo, de...

      • Afficher les 15 références

      Voir aussi