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CAMPS GABRIEL (1927-2002)

Gabriel Camps est mort à Aix-en-Provence, le 6 septembre 2002 ; il laisse une œuvre considérable consacrée essentiellement à la préhistoire et à la protohistoire de la Méditerranée occidentale, plus particulièrement du Maghreb.

Né à Misserghin (Oranie) le 20 mai 1927, Gabriel Camps fit toutes ses études en Algérie, terminées à la faculté des lettres d'Alger et couronnées par un doctorat ès lettres. Ses deux thèses, qui portent le même titre, Aux origines de la Berbérie, annoncent déjà l'orientation des travaux futurs. L'une est sous-titrée Massinissa ou les débuts de l'histoire (1960), l'autre, Monuments et rites funéraires protohistoriques (1961).

Après avoir enseigné dans le secondaire, Gabriel Camps entra au C.N.R.S. en 1959 et collabora étroitement au Centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques (C.R.A.P.E.), fondé et dirigé par Lionel Balout. En 1962, à la fin de la guerre d'Algérie, il en devint le directeur en même temps que du musée du Bardo et de la revue Libyca ; il est nommé en outre professeur à la faculté des lettres d'Alger.

En 1969, il rejoint Aix, comme professeur à l'université de Provence et fonde le Laboratoire d'anthropologie et de préhistoire de la Méditerranée occidentale (L.A.P.M.O.) qui est un peu l'équivalent français du C.R.A.P.E. algérien. Il y accueille de nombreux étudiants venus notamment du Maghreb. Son enseignement est rigoureux et il dirige un grand nombre de thèses. Il associe étroitement son épouse Henriette Camps-Fabrer à l'ensemble de ses activités.

Gabriel Camps étudia la période préromaine en Afrique du Nord : ses croyances (étude sur les Dii Mauri), les tribus d'Afrique, les royaumes berbères, l'épigraphie libyque, les pratiques funéraires, le monde punique, sans oublier Rome. S'il aborda le Paléolithique (Atérien, Capsien, Épipaléolithique), et surtout le Néolithique, il s'intéressa tout spécialement aux monuments funéraires pré-islamiques dont il établit une classification déterminant de nouveaux types. Il s'attacha également à l'étude de la céramique modelée et peinte liée généralement aux dolmens et aux tumulus. Son activité ne se limita pas à l'Algérie puisqu'elle déborda sur le Sahara – dans le cadre de l'Institut de recherches sahariennes de l'université d'Alger, avec en particulier l'examen des gravures et peintures rupestres et l'analyse de la faune –, mais également sur le Maroc (fouilles du Gour) et la Tunisie où il participa activement à l'Atlas préhistorique de ce pays. Sa curiosité le porta vers la navigation en Méditerranée, le peuplement des îles, le commerce de l'obsidienne et cela l'amena à s'intéresser à la Corse, à laquelle il consacra plusieurs articles et un livre. Il dirigea en outre l'Atlas préhistorique du Midi méditerranéen (dix fascicules parus).

Mais l'essentiel de son œuvre concerne la protohistoire. Il démontra l'existence d'un Âge du bronze en Afrique du Nord, existence jusque-là niée par les historiens. Il reconnut la présence de la céramique campaniforme au Maghreb, essentiellement dans sa partie occidentale. Le monde berbère fut pour lui une préoccupation constante. Il publia sur ce sujet deux livres et de nombreux articles et il fonda l'Encyclopédie berbère (vingt-quatre volumes parus), qu'il dirigea efficacement en y rédigeant un très grand nombre de notices.

Il faudrait rappeler aussi sa participation active à de nombreux congrès et colloques, au Conseil permanent de l'Union internationale des sciences préhistoriques et protohistoriques, au Comité national du C.N.R.S. et au Comité des travaux historiques et scientifiques. Sensible aux problèmes de typologie et de méthode, il co-dirigea les Fiches typologiques africaines et publia[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., membre de l'Académie des sciences d'outre-mer, président du Comité de rédaction d'Antiquités africaines

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