GARCÍA MORENO GABRIEL (1821-1875)
Figure la plus marquante de l'histoire de l'Équateur, Gabriel García Moreno est considéré comme un homme providentiel par les uns, comme un mauvais génie par les autres. Né à Guayaquil, la métropole commerçante, il est élevé dans le camp libéral, fait des études poussées en France où il est exilé de 1853 à 1856, puis parcourt rapidement les étapes d'une carrière politique classique. À quarante ans, il est président de la République, après avoir milité quinze ans dans l'opposition. Au moment où tout s'effondre, quand les armées étrangères envahissent le pays et menacent de le partager, devenu l'homme de la situation, il prend le pouvoir.
Président de 1861 à 1865 et de 1869 à 1875, il gouverne en despote éclairé contre les partis, contre les élites, contre les militaires. Passé du libéralisme classique au catholicisme social, il voit dans la religion populaire le facteur premier d'une nation équatorienne encore à forger et dans le thomisme, strictement appliqué à la société, le principe d'ordre d'un État à construire contre les privilégiés, les généraux et l'ingérence étrangère. Il pousse l'Équateur dans la voie de la modernisation, de la croissance économique et multiplie les écoles. Autoritaire à l'excès (mais sans répression policière), cet homme d'action était un réaliste : comment appliquer une constitution bourgeoise et démocratique à un peuple indien, dominé par une caste créole, étroite minorité de privilégiés, divisée en deux fractions ? Mystique, García Moreno figure parmi les grands personnages de l'histoire hispano-américaine, même s'il est desservi auprès des historiens par sa politique cléricale.
Lorsqu'il fut assassiné par quelques conjurés, le pays retomba dans l'anarchie, puis sous la dictature militaire. Cette rechute montre quel est le sens de l'apparition du grand homme et quelles sont les limites de son action. Il ne réussit pas à pérenniser son œuvre.
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Écrit par
- Jean MEYER : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes
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Autres références
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ÉQUATEUR
- Écrit par Jean-Paul DELER , Encyclopædia Universalis , Yves HARDY , Catherine LAMOUR et Emmanuelle SINARDET
- 8 605 mots
- 9 médias
...se succédèrent ensuite au pouvoir jusqu'en 1861, date à laquelle une convention nationale porta à la présidence le chef des conservateurs catholiques, Gabriel García Moreno. Bien qu'il ait fait proclamer une constitution établissant le suffrage universel (la septième depuis l'indépendance), Gabriel García...