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MIRÓ GABRIEL (1879-1930)

Les écrits de Miró prennent tous place en ce premier tiers du xxe siècle où, dans la prose espagnole, brillent quelques grands noms qui, un peu injustement, ont éclipsé le sien : ceux de Miguel de Unamuno, Azorín, Pío Baroja, Ramón del Valle-Inclán, auxquels il faudrait en ajouter bien d'autres.

De cet orfèvre du langage Jorge Guillén donne un portrait admirable : « Un homme incomparable, Gabriel Miró. Beau, blond, les yeux bleus, tendre, moqueur, gesticulant de tout son corps, de ses mains, des mille nuances de son visage et de sa voix... Joyeux, douloureux, passionné, avec une véhémence traversée de la plus exquise sensibilité, et sensible, sensible à tout, et expressif comme personne, plus que personne. La parole orale n'avait pas chez lui moins de force que la parole écrite. L'écriture paraît travaillée ; en fait elle est proche de ce que fut la conversation de Gabriel Miró, en qui fonctionnait toujours sa double aptitude à ressentir et à s'exprimer. Miró accomplit avec une extraordinaire intensité le type d'homme voué au monde concret. Miró ou l'Homme Concret. »

S'exprimer, c'est être

Une œuvre dense et lumineuse illustre ces qualités de l'esprit et de l'âme que Jorge Guillén a su découvrir et mettre en évidence. L'essentiel du génie de Gabriel Miró se manifeste avec plénitude dans ces ouvrages célèbres : Figuras de la Pasión del Señor (1916-1917), Libro de Sigüenza (1917), El Humo dormido (La Brume assoupie, 1919), Nuestro Padre San Daniel (1921), El Obispo leproso (L'Évêque lépreux, 1926). Mais la production littéraire de Miró fut abondante ; il y avait en lui un besoin très vif de s'exprimer par la plume ; de 1901 (La Mujer de Ójeda) à 1928 (Años y leguas [Années et lieues]), presque chaque année fut édité ou réédité un livre de lui : romans, notamment Les Cerises du cimetière (Las Cerezas del cementerio, 1910), récits autobiographiques, nouvelles ou contes, à quoi s'ajoutent encore des traductions et l'œuvre posthume (Glosas de Sigüenza, 1953).

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Autres références

  • DUPIN JACQUES (1927-2012)

    • Écrit par
    • 749 mots

    Poète et critique d'art né à Privas (Ardèche), Jacques Dupin partageait avec quelques-unes des voix poétiques majeures de sa génération – Yves Bonnefoy, André du Bouchet avec lesquels il fonda en 1967 la revue L'Éphémère – le souci de rendre l'expérience poétique à sa vocation...