GABRIEL SÉVÈRE (1541-1616)
Né à Monembasie, dans le Péloponnèse, peu après l'entrée des Turcs, Gabriel Sévère fait ses études supérieures à l'université de Padoue. En 1572, la confrérie grecque de Venise lui confie la paroisse de San Giorgio. Peu après (1577), le patriarche de Constantinople, Jérémie II, le nomme métropolite de Philadelphie (actuellement Alasehir, en Turquie), mais il se fixe à Venise, où la Seigneurie lui assure une pension et des honneurs. Pour calmer ses ouailles d'Asie Mineure, le patriarche l'exempte de l'obligation de résider et le nomme exarque pour les Grecs orthodoxes de Vénétie et de Dalmatie. Ses successeurs sur le siège de Philadelphie jouiront du même statut jusqu'à la fin du xviiie siècle. La mort le surprend à Lésina de Dalmatie, au cours d'une visite pastorale. Sa dépouille est ramenée à Venise, où elle repose toujours.
Durant toute sa vie, Gabriel avait veillé jalousement à l'intégrité de la foi dans la diaspora grecque d'Occident. S'il lui arrive d'accueillir la terminologie (par exemple, le mot transsubstantiation) ou les procédés d'exposition des théologiens catholiques, il récuse toute espèce de compromis, comme le prouvent ses deux brouilles avec Maxime Margounios, évêque de Cythère, qui avait trouvé sur le Filioque une formule acceptable par les deux parties. Outre ses lettres, en particulier sa correspondance avec l'humaniste luthérien Martin Crusius, et des écrits moins importants, on possède de lui : un ouvrage sur Les Sacrements (1600) ; un traité des Rites liturgiques (1604), qui prête à confusion et qui porte sur l'adoration du pain et du vin lors de la « grande entrée », sur la fragmentation compliquée du pain à consacrer, sur l'usage du gâteau funéraire dit colybe ; enfin, la grande trilogie posthume (1627) intitulée Principales Différences entre les Églises orientale et romaine.
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Écrit par
- Jean GOUILLARD : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)
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