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GABRIELI ANDREA (1533 env.-1586) & GIOVANNI (1555 env.-1612)

Giovanni, disciple et continuateur d'Andrea

Si Andrea Gabrieli eut de nombreux élèves et disciples, parmi lesquels l'organiste allemand Hans Hassler (1564-1612), il avait surtout veillé sur l'éducation musicale et la carrière de son neveu, Giovanni, qu'il aima comme son fils. Né à Venise, Giovanni Gabrieli avait si rapidement acquis une notoriété de musicien qu'un recueil de madrigaux à cinq voix lui permit de figurer, alors qu'il n'avait que dix-huit ans, au nombre des floridi virtuosi du duc de Bavière : à cette époque, en effet, il séjournait à Munich comme assistant de Roland de Lassus.

Merulo ayant quitté Venise pour Parme, le poste de premier organiste de Saint-Marc fut libre en 1585. Andrea, qui devait mourir l'année suivante, semble avoir renoncé à cette promotion qui lui revenait de droit pour laisser la charge à son neveu. Giovanni s'installa donc de façon définitive à Venise où il s'affirma comme l'héritier spirituel et le continuateur de son oncle. On ne connaît d'autres détails sur sa vie personnelle que la nature de la longue maladie qui devait l'emporter à cinquante-huit ans, la gravelle, et le lieu où il fut enterré, l'église des Augustins à San Stefano. Ses concitoyens n'ont pas manqué de vanter son talent ; sa gloire se répandit au-delà des frontières nationales et, en Allemagne par exemple, il était loué comme le « flambeau de la musique » par Calvisius qui l'opposa à Monteverdi ; Praetorius l'offrait en modèle.

Une œuvre novatrice

On ne peut séparer les Gabrieli dans leur rôle de créateurs d'un style neuf et original fondé sur les traditions et les habitudes existantes ; leur génie est d'avoir été le trait d'union entre la polyphonie et la musique moderne. Leurs arts se complètent : Andrea s'est exprimé davantage par la polyphonie vocale, Giovanni a su, par la polyphonie instrumentale, donner naissance à une véritable musique symphonique. L'esprit de cette œuvre, comme sa forme, est inséparable du cadre pour lequel elle a été écrite. Comme la rigueur et le recueillement de la chapelle Sixtine ont pu infléchir l'art de Palestrina, la basilique Saint-Marc, éblouissante sous les ors et la polychromie de ses mosaïques et de ses marbres, a incontestablement suscité la naissance de musiques somptueuses accordées aussi bien à l'amour du peuple pour le chant qu'à son goût pour le spectacle et l'apparat, et répondant aux ressources précises offertes par son architecture : les cinq coupoles qui répercutent les échos, les deux orgues placés dans les tribunes de chaque côté du chœur ont concouru à la recherche d'effets de relief sonore de façon à faire valoir l'acoustique particulière de l'église.

En 1587, un an après la mort d'Andrea, une première édition de onze volumes réunissant soixante-sept de ses cantates et dix de celles de son neveu fut publiée à Venise, sous le titre général de Concerti d'Andrea e di Giovanni Gabrieli, organiste della Serenissima Signoria di Venezia, contenenti musica da chiesa, madrigali ed altro, per voci e strumenti musicali. La dédicace qui l'accompagnait, adressée au comte Jacob Fugger d'Augsbourg, était due à Giovanni qui, après avoir rappelé ce qu'il devait à l'enseignement de son oncle, vantait « son habileté, sa prodigieuse facilité d'invention, son style, sa manière gracieuse d'écrire [...]. Je pourrais dire aussi que ses ouvrages sont les témoins irrécusables qu'il fut unique dans l'évolution des sons qui expriment le mieux la force de la parole et de la pensée. »

Novateur, Andrea le fut dans tous les genres qu'il traita, et tout d'abord dans ces grandes œuvres chorales, les Concerti, auxquels il mêle les instruments, aussi bien que dans les madrigaux, chants sacrés, messes,[...]

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