AULENTI GAE (1927-2012)
Architecte d'intérieurs
Dans le même souci d'atteindre un large public, Gae Aulenti s'est fait une spécialité de la conception de grandes salles d'expositions, aussi bien commerciales que non commerciales. Ainsi le magasin Olivetti (1966-1967), à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré, une voie justement célèbre par ses vitrines et ses présentations luxueuses de marchandises, notamment celles de la maison Hermès. Dans le cas précis d'une exposition de machines, Gae Aulenti refuse toute fantaisie décorative. L'espace est architecturé par des gradins et des différences de plans. Aucune concession aux accessoires habituels de la mode parisienne : les matériaux sont en acier et plastique lamifié et les éclairages fixes sont complétés par la lampe « Pipistrello » que l'on déplace à volonté. Les nouveaux espaces d'exposition de Knoll pour New York et Boston seront conçus dans le même esprit.
En juillet 1980, c'est une consécration lorsque la direction du musée d'Orsay lui propose d'assurer la responsabilité de l'aménagement intérieur et de la décoration du musée en cours de réalisation. Gae Aulenti crée une voie triomphale qui traverse de bout en bout la grande nef, s'élevant légèrement par paliers jusqu'à une colonnade surmontée de deux tours. Ces points forts, non prévus par ses confrères, permettent de fermer la perspective et de donner une référence architecturale aux sculptures monumentales qui vont y être disposées, notamment La Danse de Carpeaux, anciennement devant l'Opéra-Garnier. De part et d'autre de cette voie centrale, deux rangées de pavillons réservés aux expositions s'élèvent en un bel exemple d'organisation architecturale, dans laquelle l'espace et son contenu s'équilibrent selon une continuité logique.
C'est la même solution que Gae Aulenti a appliquée dans la restructuration du Musée national d'art moderne abrité au Centre Georges-Pompidou (1982-1985) : les collections du musée, de plus en plus riches, « flottaient » littéralement dans un espace trop flexible. L'architecte a donc recréé de vraies salles qui conviennent mieux à la contemplation tranquille que les vélums oscillants en place depuis l'ouverture du musée. Séparant les espaces stables, plusieurs corridors coiffés d'une couverture de verre, abritent des vitrines et des niches réservées aux dessins et aux documents concernant les artistes et les mouvements représentés dans les salles avoisinantes.
La vocation muséographique de Gae Aulenti a continué de s'affirmer à Venise. En 1984, Fiat a racheté le Palazzo Grassi – édifice datant de 1760 – afin d'y installer un institut d'activités culturelles, artistiques et scientifiques axé sur la confrontation entre le monde contemporain et le passé. En compagnie d'Antonio Foscari, Gae Aulenti n'a mis que deux ans pour venir à bout d'une recréation unique : le bâtiment a retrouvé sa splendeur d'origine, même si l'équipement technique y tient une telle place qu'il occulte un peu la perception des volumes et la beauté du décor. Forte de ses précédentes expériences, Gae Aulenti a mis toute sa science muséale dans cette réalisation. Elle a aussi réalisé la scénographie d'un certain nombre d'expositions, notamment Euphronios, peintre à Athènes (1990), au musée du Louvre et au Palazzo Grassi Les Celtes (1991), et Les Grecs en Occident (1996).
Par la suite, l'architecte a poursuivi ses nombreux aménagements de musées et galeries (Barcelone, Musée national d'art catalan, 1985-2004), et s'est aussi penchée plus récemment sur l'aménagement de gares et stations de métro, notamment à Florence (entrée de la station Santa Maria Novelle, 1990), à Naples (stations Museo et Dante, 1990-2002) ou encore à Milan (station Cadorna, 1998-2000). L'artiste diversifie[...]
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Écrit par
- Roger-Henri GUERRAND : professeur émérite à l'École d'architecture de Paris-Belleville
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ORSAY MUSÉE D', Paris
- Écrit par Stéphane GUÉGAN
- 1 223 mots
- 1 média
...« polyphonie » (selon Michel Laclotte, le directeur du musée d’Orsay jusqu’à son ouverture) avait été introduite sous les voûtes de l’ancienne gare, réaménagée par Gae Aulenti, elle-même peu sensible au style qu’elle jugeait « périmé » de Victor Laloux. À la suite de la transformation de la gare...