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GAGAOUZES

Chrétiens turcophones, les Gagaouzes vivaient en Bulgarie dans la région de Varna jusqu'à la fin du xviiie siècle. Ils partirent ensuite en masse vers le nord pour s'installer au-delà des bouches du Danube. Ils se fixèrent dans les régions de Bender et d'Ismaïl et continuèrent à affluer vers ces lieux par vagues successives pendant toute la première moitié du xixe siècle.

En 1961-1962, une partie des Gagaouzes de Bessarabie alla s'installer dans la région de Tavri. Actuellement, ils vivent dans quatre districts ruraux au sud-ouest de la Moldavie, dans la partie sud-ouest de la région d'Odessa ainsi que dans la région zaporogue de l'Ukraine, peuplant des villages multi-ethniques où vivent aussi des Moldaves, des Bulgares et des Ukrainiens. Lors du recensement de 1989, il y avait 200 000 Gagaouzes sur le territoire soviétique. Au milieu des années 2000, ils constituent 4,5 p. 100 de la population moldave, soit 175 000 personnes environ (dont 12 000 dans la république sécessionniste de Transnistrie. Quant à ceux d'entre eux (environ 1 500) qui sont restés en Bulgarie, ils habitent la région de Varna et celle de Balčik (Baltchik) dans la Dobroudja bulgare. Un mois après que la Moldavie se fut déclarée souveraine (juill. 1990), les Gagaouzes proclamaient l'indépendance de leur territoire (1 800 km2). Les autorités moldaves, opposées à cette décision, trouvèrent en 1994 un compromis avec les Gagaouzes, qui renonçaient pour leur part à l'indépendance de la Gagaouzie.

Il est admis que le parler gagaouze fait partie du groupe oghouz des langues turques. Mais cela ne correspond pas aux hypothèses contradictoires relatives aux origines des Gagaouzes. Suivant une première hypothèse, ils descendraient de peuplades turques, des Ozouzes ou Ouzes, des Poloviets ou des Koumans, tous venus en Bulgarie au Moyen Âge par la route du nord de la mer Noire.

D'autres hypothèses veulent qu'ils soient des Slaves mêlés à des peuplades turques et bulgares ou encore, plus vraisemblablement, des descendants de peuplades anatoliennes turcophones qui émigrèrent en Bulgarie à l'époque ottomane. Les Gagaouzes transcrivaient leur parler en caractères grecs même dans leurs nouveaux pays d'émigration et jusqu'aux années 1930 où on tenta de leur imposer, sans beaucoup de succès d'ailleurs, la version sommaire de l'alphabet latin. Puis, en 1958, ils adoptèrent sans difficulté l'alphabet cyrillique de version russe. De nombreux mots russes se sont introduits progressivement dans leur langue, qui possédait déjà un certain nombre de mots bulgares. Ils sont éleveurs de moutons, vignerons et agriculteurs. L'élevage ovin était leur principale occupation jusqu'au milieu du xixe siècle. Ils conservent un artisanat traditionnel, essentiellement féminin : tissage de tapis et d'étoffes. Les hommes s'habillent maintenant avec le costume citadin et ne conservent, de leur costume originel, que la large ceinture de laine rouge et le couvre-chef de feutre. Leur christianisme recouvre toute une série de vieux cultes préchrétiens où les divinités des champs et de la maison jouent un grand rôle.

— Emmanuel ZAKHOS-PAPAZAKHARIOU

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    ...nombreuses oppositions. Le pays est politiquement très divisé, comme le montrent la sécession de la Transnistrie et les revendications du mouvement séparatiste gagaouze. Les Gagaouzes, turcophones christianisés, demandent la création d'une entité autonome avec des pouvoirs plus étendus que ceux qui sont offerts...