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GALAAD

Le personnage de Galaad (Galahad pour Malory), fils de Lancelot et de la fille du roi du Graal, c'est-à-dire descendant par son père de David et de Joseph d'Arimathie et par sa mère de la dynastie du Graal, articule la légende profane et la tradition mystique du cycle du Saint-Graal et fait l'unité du Lancelot-Graal ou Vulgate en prose du début du xiiie siècle. Lancelot apprend par prophétie qu'il va cesser d'être le meilleur chevalier du monde ; le dépasse en effet son fils qui, élevé par les moines blancs (les Cisterciens), entre un jour à la cour d'Arthur et s'assied sur le Siège périlleux, réservé dès les temps anciens au chevalier parfait, et sur lequel personne ne s'était assis sans malheur. Indemne du péché, Galaad vient à bout, dans La Queste del Saint-Graal, de toutes les épreuves qui lui sont réservées. Arrivé avec Perceval et Bohort au château du Graal, il voit entrer le roi « Méhaigné » (mutilé) et l'évêque Josephé, fils de Joseph d'Arimathie, mort depuis plus de trois cents ans ; au moment où l'évêque, disant la messe, élève l'hostie, les chevaliers discernent entre ses mains un enfant ; Josephé disparaît, remplacé par le Christ lui-même qui donne la communion aux trois héros et au vieux roi. Prenant le sang de la Lance (qui est celle de la Crucifixion), Galaad en guérit les plaies du roi Méhaigné. Sur le vaisseau de Salomon, les chevaliers arrivent en la cité de Sarras, dont Galaad est fait roi. Lui qui a reçu en grâce de choisir le jour de sa mort, il est admis à contempler de ses yeux les suprêmes merveilles du Saint-Graal, le vase même où Jésus consacra le vin à la Cène, et où Joseph avait recueilli son sang versé sur la Croix. Alors Galaad meurt. À sa mort, une main céleste saisit le Graal et la Lance pour les emporter au ciel.

Divers auteurs, en particulier Étienne Gilson (Les Idées et les lettres), ont mis en valeur l'indiscutable inspiration cistercienne de La Queste. Le vrai problème se situe au-delà de cette reconnaissance : s'agit-il d'un itinéraire de la mystique cistercienne, empruntant pour sa diffusion le cadre mondain d'un roman de chevalerie, ou s'agit-il plutôt d'un itinéraire de la chevalerie elle-même, invitée à découvrir dans les valeurs terrestres de ses exploits la correspondance symbolique des valeurs célestes ? Il est plus vraisemblable d'admettre que, comme les Cisterciens avaient inspiré la constitution d'ordres nouveaux de chevalerie (tels les Templiers), ils font offrir ici à la nouvelle chevalerie spirituelle qu'ils voudraient partout promouvoir une sorte de manuel initiatique.

D'où la supplantation de Perceval, héros premier et déjà traditionnel du Graal, par Galaad. Simple, ignorant et naïf (bientôt le « chaste fol » de Wagner), Perceval se perfectionne peu à peu en gravissant les degrés de la connaissance autant que de l'héroïsme ; son itinéraire initiatique reste tout humain, et s'il a fallu tant de continuateurs à Chrétien de Troyes pour si peu achever le roman dont il est le héros, c'est sans doute que le passage d'une initiation ésotérique traditionnelle à une initiation au surnaturel chrétien proprement dit posait problème à l'époque. Le problème est résolu avant que d'être posé, par l'introduction de Galaad. À la différence de Perceval, Galaad est prédestiné ; dès qu'il apparaît, il est parfait, il sait ce qu'il a à faire, il accomplit sans efforts les exploits qui lui sont assignés (ainsi Jésus accomplissant les prophéties et multipliant les miracles). Il n'a aucune initiation à subir, en vérité ; tel le Christ dont il est l'image, il propose aux autres le modèle à suivre dans l'itinéraire initiatique.

Par l'invention du personnage de Galaad, La Queste del Saint-Graal atteint[...]

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  • ARTHURIEN CYCLE

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    ...héros et de ses compagnons de la Table ronde. Sous l'influence d'un philtre, Lancelot, de passage au château du Graal, succombe à la tentation. Ainsi naît Galahad. Le romancier donne une large place aux guerres du roi Arthur, ainsi qu'à un thème désormais intégré à l'imagerie chrétienne, celui du Saint Graal....
  • LANCELOT-GRAAL

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