ANDROMÈDE GALAXIE D'
La galaxie d’Andromède, dont le nom scientifique est M31 (M désigne le catalogue établi en 1764 par l’astronome français Charles Messier), est la galaxie la plus proche de notre propre galaxie, la Voie lactée. Avec la Voie lactée, la galaxie du Triangle (M33) et une trentaine de galaxies naines, elle constitue le Groupe local, dont le diamètre est d’environ dix millions d’années-lumière (soit 3 mégaparsecs). On peut la distinguer à l’œil nu lorsque les conditions sont bonnes et son diamètre apparent est environ six fois celui de la Lune. Elle est visible dans la constellation d’Andromède ; rappelons qu’une constellation est maintenant scientifiquement définie comme une des quatre-vingt-huit portions de la sphère céleste dont la liste a été fixée en 1922 par l’Union astronomique mondiale.
Andromède a déjà été décrite il y a plus de mille ans par l’astronome persan ‘Abd al-Rahmān al-Sūfi (903-986) dans son Traité des étoiles fixes, et son étude s’est affinée au fur et à mesure de l’évolution des moyens d’observation ; ces progrès continuent aujourd’hui en particulier grâce au télescope spatial Hubble de la N.A.S.A. en coopération avec l’Agence spatiale européenne. Le programme P.H.A.T. (pour Panchromatic Hubble Andromeda Treasury) a ainsi pu établir en 2015 un panorama en haute définition de la partie centrale de la galaxie d’Andromède par un assemblage de plus de 7 000 photographies prises par deux caméras embarquées dans le satellite Hubble, à diverses longueurs d’onde, du proche infrarouge au proche ultraviolet. Une autre étude utilisant les données récoltées par Hubble a découvert en 2015 un gigantesque halo autour d’Andromède. Cela impliquerait que la fusion d’Andromède et de la Voie lactée commencerait dans quelques milliards d’années.
Messier attribuait la première description télescopique d’Andromède à l’astronome allemand Simon Marius (1573-1624) en 1612 ; l’Italien Giovanni Battista Hodierna la redécouvrit vers 1650 ; le Français Ismaël Bouillaud la décrivit en 1661 tout en citant les observations effectuées au début des années 1500 par un astronome anonyme. L’astronome et musicien William Herschel (1738-1822) la considéra comme un « univers-île » voisin qui pourrait être semblable à notre Voie lactée. Andromède était alors généralement désignée comme la « grande nébuleuse d’Andromède ». En 1864, les observations spectroscopiques de William Huggins (1824-1910) permettent de distinguer les nébuleuses gazeuses (aux spectres caractéristiques des gaz qui y sont présents) des galaxies aux spectres continus, et en particulier de reconnaître en Andromède une galaxie. En 1885, l’astronome allemand Ernst Hartwig (1851-1923) observe depuis l’observatoire de Dorpat en Estonie une supernova dans Andromède, qui atteint la magnitude 6 du 17 au 20 août 1885 et décline jusqu’à la magnitude 16 en février 1890. En 1887, les premières photographies de l’astronome amateur britannique Isaac Roberts (1829-1904) permettent de distinguer la structure spirale de M31.
En 1912, l’astronome américain Vesto Melvin Slipher (1875-1969) parvient le premier à mesurer sa vitesse radiale : Andromède se rapproche de notre système solaire à la vitesse d’environ 300 kilomètres par seconde (km/s). Si l’on tient compte du mouvement du système solaire à l’intérieur de la Voie lactée, cela signifie que les deux galaxies s’approchent l’une de l’autre à une vitesse d’environ 100 km/s. Ce rapprochement de deux galaxies voisines ne contredit pas l’expansion de l’Univers, observé à des échelles plus grandes. La nature galactique d’Andromède est définitivement établie par l’étude publiée en 1929 par Edwin Hubble.
Les progrès ultérieurs sont nombreux car les astronomes comprennent rapidement que les caractéristiques d’Andromède sont très proches de[...]
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Écrit par
- Bernard PIRE : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau
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