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GALE

Parasitose humaine, la gale est due à un acarien : Sarcoptes scabiei. La femelle creuse un sillon dans la couche cornée de l'épiderme de la peau de son hôte. Elle y est fécondée puis pond ses œufs dans une logette située à l'extrémité de ce sillon. Après un stade larvaire, l'animal parvient à l'âge adulte.

La contamination, habituellement directe, a lieu, la plupart du temps, « à la faveur d'un contact nocturne et prolongé ». La contamination indirecte par la literie ou par les vêtements est plus rare. La maladie procède par épidémies d'apparition cyclique : elle avait presque disparu d'Europe occidentale après l'épidémie de la Seconde Guerre mondiale mais elle y a réapparu depuis 1964.

En clinique, le signe d'alarme est le prurit, surtout nocturne ou vespéral, atteignant d'abord les doigts, les poignets, les fesses, se généralisant ensuite, tout en respectant la face et le cou, et prédominant sur les surfaces antérieures du corps.

L'éruption est à rechercher électivement aux espaces interdigitaux, à la face antérieure des poignets, au bord antérieur des aisselles, aux plis sous-fessiers, chez la femme aux aréoles des seins, chez l'enfant au pourtour des chevilles, chez le nourrisson à la plante des pieds. Chez l'homme, le gland et le fourreau de la verge peuvent être le siège d'une papule infiltrée et prurigineuse posant des diagnostics nombreux et notamment celui de chancre syphilitique. Le diagnostic clinique repose sur la découverte du signe de certitude : le sillon, mince ligne grisâtre, sinueuse, de 2 à 15 millimètres, légèrement saillant et terminé à l'une de ses extrémités par une élevure blanchâtre (l'éminence acarienne). Un autre élément, également caractéristique mais non pathognomonique, de la taille d'une tête d'épingle arrondie, saillante, cristalline, siège aux faces latérales des doigts : c'est la « vésicule perlée ».

À ces éléments particuliers s'associent, en proportions variables selon les sujets, des stries de grattage, des lésions infectieuses : folliculites, furoncles, lymphangite, ou réactionnelles : prurigo, eczéma. Tous ces éléments éruptifs peuvent faire à peu près défaut dans la « gale des gens propres », d'un diagnostic particulièrement difficile que seule vient affirmer dans certains cas l'épreuve thérapeutique.

Dans tous les cas, un bon élément d'appoint est la présence de prurit dans l'entourage du malade (signe du conjoint). Non traitée, la gale persiste indéfiniment. Le traitement qui succèdera à un nettoyage complet de la peau du sujet fait essentiellement appel à des applications soigneuses d'une solution alcoolique de benzoate de benzyle ou à l'hexacyclohexane qui ont supplanté les traitements anciens (frotte).

Tous les sujets cohabitants devront être traités en même temps, qu'ils soient ou non atteints. La literie et les vêtements seront désinfectés. En cas d'infection importante, le traitement spécifique ne sera entrepris qu'après la réussite d'une thérapeutique anti-infectieuse préalable.

En cas de reprise du prurit, il conviendra de distinguer l'irritation due au médicament, la rechute d'une gale non correctement traitée ou le « prurit mnémogène », qui peut persister parfois longtemps chez le sujet guéri sur terrain névropathique.

Une forme particulière dite « gale norvégienne » se caractérise par l'apparition de squames et de croûtes extrêmement prurigineuses où le microscope découvre de nombreux acares. Contagieuse au plus haut degré, cette forme s'étend à tout l'entourage du malade, notamment au personnel soignant.

— Pierre de GRACIANSKY

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