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NEOTU GALERIE, Paris

À la fin de l'année 1984, Pierre Staudenmeyer et Gérard Dalmon ouvrent à Paris la galerie Neotu, dans le quartier traditionnel des antiquaires, rue de Verneuil, avant de s'installer définitivement, en 1985, rue du Renard, à quelques pas du Centre Georges-Pompidou. Ils se sont rencontrés à travers un intérêt commun pour la psychanalyse, qui nourrit leur analyse de l'art et des objets. Ils s'interrogent donc sur le sens caché du mobilier, en s'entourant de créateurs issus de formations diverses. En 1985, la galerie présente une première exposition sous le titre Onze Lampes. Autant de jeunes créateurs, parmi lesquels Sylvain Dubuisson, Olivier Gagnère, Garouste et Bonetti, Pucci de Rossi, Martin Szekely, ainsi que Gérard Dalmon, y montrent chacun une pièce, réalisée pour l'occasion. Ils ne se nomment pas designers, le terme renvoyant alors à un univers auquel ils tournent le dos, celui du design industriel qui a dominé les années 1970 en privilégiant la technologie et la performance de l'objet.

Après la liberté des formes développées dans les années 1960, la décennie suivante avait vu un retour à la rationalité. Le Conseil supérieur de la création esthétique industrielle (C.S.C.E.I.), mis en place par le ministère de l'Industrie, en assurait la promotion. Mais dès la première moitié des années 1980, Neotu accueille une génération qui entend au contraire s'affirmer à travers une production singulière, observant une attitude proche de celle de l'artiste. Ces créateurs réinventent le design dans un contexte général de renouvellement, porté par des initiatives à la fois privées, comme celle de Neotu, et publiques. Dès 1981, le ministère de l'Industrie favorise la mise en place d'un organisme chargé de promouvoir la création contemporaine dans l'industrie du mobilier, sous le sigle V.I.A. (Valorisation de l'innovation dans l'ameublement). L'année suivante, le président François Mitterrand s'adresse à cinq designers, Annie Tribel, Marc Held, Ronald-Cecil Sportes, Philippe Starck et Jean-Michel Wilmotte, pour rénover les appartements privés du premier étage de l'Élysée, montrant ainsi sa volonté de promouvoir le meuble contemporain. Le design se médiatise, la position qu'occupe Philippe Starck en est le signe : il devient une star internationale.

Mais c'est en Italie que s'effectue la révolution plastique ouvrant une ère nouvelle dans la création de mobilier. Fascinés, les Français se tournent vers Milan, où a lieu, en 1981, la première exposition du groupe Memphis. Celle-ci fait l'effet d'une bombe : elle renouvelle le langage des formes et des couleurs, désormais fondé sur le sens et la présence de l'objet plutôt que sur sa fonction. Ettore Sottsass, à la tête de ce groupe international, renverse les principes traditionnels du design et transforme une discipline orientée jusque-là vers la production et la rationalité, pour l'infléchir vers la communication visuelle. Sont exposés des objets qui oublient toute concession au bon goût pour privilégier le motif, la couleur et le décor. Les éléments d'un spectacle se mettent en place dans une totale liberté d'expression.

C'est dans cette effervescence nouvelle que Pierre Staudenmeyer et Gérard Dalmon se lancent dans l'aventure d'une galerie parisienne, qui ouvrira une antenne à New York en 1990. L'enjeu est d'exposer la diversité du design actuel, son éclectisme et son ambiguïté. Les créateurs sont choisis pour l'expression de leur personnalité, alors qu'ils s'intéressent avant tout à la mise en forme d'un questionnement sur le design.

L'époque voit apparaître de brillantes individualités plutôt que des écoles ou des courants. Cependant, cette génération paraît partager un même objectif, celui d'un retour à l'objet[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche du département moderne et contemporain du musée des Arts décoratifs

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