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GALICIE

Nom donné à la province polonaise située sur le versant septentrional des Carpates et qui constitua un Land autrichien de 1772 (lors du premier partage de la Pologne) à 1918. Selon le recensement de 1910, la Galicie comptait environ 8 millions d'habitants, soit 4 675 000 Polonais et 3 200 000 Ukrainiens ou Ruthènes. Ces derniers représentaient 72 p. 100 de la population à l'est de Przemyśl (une ligne nord-sud passant par cette ville constituant la frontière linguistique). Tandis que l'histoire de la partie occidentale est étroitement liée à celle de la Pologne, au xie siècle apparaît une principauté ukrainienne de Galicie, district de la Russie de Kiev ; au xiie siècle, avec son chef Osmomysl, elle devient l'une des grandes principautés russes, et profite de la décadence de Kiev. De nombreuses villes se créent et s'enrichissent grâce à la route commerciale qui conduit de l'Asie et de la mer Noire vers l'Europe. Néanmoins, les grands seigneurs tyrannisent leurs paysans et se rebellent contre le prince, de sorte que la principauté est bien vite l'objet de la convoitise de ses voisins : Pologne, Hongrie et Russie de Novgorod. Si la Hongrie s'en empare en 1190, puis en 1215, elle est mise en échec par le prince Daniel de Lodomérie (1205-1264). La Galicie est ruinée par l'invasion mongole de 1241. Pourtant la dynastie des Romanov de Lodomérie s'éteint au xive siècle, et le roi Casimir de Pologne occupe la Galicie en 1340. Sous les Jagellon, le pays connaît de nouveau la prospérité, qui durera jusqu'au changement des circuits du commerce mondial. Les nobles ruthènes adoptent la foi catholique, la langue et la culture polonaises, de sorte que l'ukrainien devient une langue de paysans, et ceux-ci comptent longtemps parmi les plus arriérés d'Europe. Ils vivent dans la misère la plus complète, en dépit de la richesse du sol. La Galicie est pillée successivement par les Cosaques, les Tatars et les Turcs, et souffre beaucoup de l'anarchie qui règne au cours des deux derniers siècles d'existence de la République polonaise.

Lors du partage de celle-ci, la Galicie (avec la Lodomérie) fut assignée à l'Autriche, qui perdra Cracovie de 1814 à 1846 (république indépendante). Le régime autrichien introduit des réformes, mais les progrès du pays seront lents. Le soulèvement national de 1830 affecte peu la Galicie, qui sert d'abord de base aux légions de volontaires et ensuite d'asile à de nombreux réfugiés. C'est en 1846 que la noblesse polonaise y organise une insurrection, mais le danger est bien vite écarté, grâce à une jacquerie des paysans polonais, vraie émeute de la misère ; ceux-ci massacrent leurs seigneurs (district de Tarnów). En 1848, le gouvernement autrichien s'appuie sur les paysans en imposant une réforme agraire modérée à la noblesse, tandis que le gouvernement Stadion s'appuie pour la première fois sur les masses paysannes ruthènes. La noblesse polonaise mène une habile politique à Vienne, tout en soutenant les revendications hongroises. Après le compromis de 1867, le comte Gołuchowsky obtient, pour la Galicie, l'autonomie complète et une liberté beaucoup plus étendue que n'importe quelle autre province de Cisleithanie. C'est avec les députés de Galicie (le Polenklub) que François-Joseph peut constituer des majorités parlementaires au Reichsrath et ceux-ci prennent une large part à la vie politique de la Cisleithanie, voire à la politique extérieure de la monarchie (des Polonais sont alors chanceliers d'Autriche). En échange, le polonais est reconnu seule langue officielle de la Galicie, et les Ruthènes demeurent ignorés par le gouvernement. Le mouvement ukrainien fait des progrès fort lents, étouffé à la fois par les Polonais, les Allemands d'Autriche et le gouvernement tsariste (qui redoute le séparatisme ukrainien[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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