VICHNIEVSKAIA GALINA (1926-2012)

Chanteuse russe emblématique, la soprano Galina Pavlovna Vichnievskaia, née à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg), le 25 octobre 1926, fait ses débuts en 1944 au Théâtre de l’Opérette de sa ville natale avant d'entrer au Bolchoï de Moscou en 1952. Elle y occupera durant vingt-deux ans le premier plan dans le répertoire national (Eugène Onéguine et La Dame de pique de Tchaïkovski, Guerre et Paix et Siméon Kotko de Prokofiev, La Nuit de mai, Sniegourotchka et La Fiancée du tsar de Rimski-Korsakov), tout en se produisant également dans Les Noces de Figaro de Mozart, Fidelio de Beethoven ou Madama Butterfly de Puccini. Sa notoriété s'étend ensuite, par-delà les pays de l'Est, à l'Europe occidentale et aux États-Unis, où elle s'exile en 1974 avec son mari, le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, après avoir apporté son soutien aux dissidents Alexandre Soljénitsyne et Andreï Sakharov. De Londres (où elle enregistre en 1963 le War Requiem que Britten compose en partie à son intention, faute d’avoir été autorisée à quitter l’U.R.S.S. pour la création de l'œuvre un an plus tôt) à New York, de Milan à Paris (où elle fait ses adieux à la scène en 1982), de Vienne à San Francisco, elle offrira ainsi ses héroïnes russes et italiennes. Sa voix dramatique de soprano lirico spinto étant naturellement faite pour Tosca, elle marquera le rôle éponyme de son tempérament volcanique, fût-ce au prix d'une agressivité vocale non exempte de duretés. Le concert (mélodies de Moussorgski, de Tchaïkovski et de Britten – qui compose pour elle The Poet's Echo sur des poèmes de Pouchkine –, Quatorzième Symphonie de Chostakovitch), la mise en scène et l'écriture apporteront d'autres supports à sa force d'expression. Enregistrées, les aspérités de sa voix participent de cette émotion débridée et incandescente qui l'habite, portée par le tempérament musical d'exception de son mari. La soprano s’éteint le 11 décembre 2012, dans sa datcha de Joukovka (banlieue de Moscou).

— Jean CABOURG