- 1. La gamme et les modes
- 2. Guy d'Arezzo et la gamme
- 3. La gamme dite de Pythagore
- 4. Les systèmes d'Aristoxène et de Zarlino
- 5. La gamme des physiciens, dite aussi de Zarlino
- 6. Werckmeister et la gamme tempérée
- 7. Divisions de l'octave en parties égales
- 8. Vers la plus grande généralisation possible
- 9. Bibliographie
GAMME
Il est difficile de donner du mot « gamme » une définition qui soit à la fois exacte et complète, tant sont diverses les notions que ce vocable recouvre et variés, au cours des époques, les objets qu'il désigne. D'une manière générale, on peut dire qu'une gamme serait l'ensemble des intervalles, égaux ou non, qui divisent une octave. Si l'on veut adopter une terminologie rigoureuse, on devrait donc distinguer les gammes, dans lesquelles sont définies les grandeurs des intervalles indépendamment de leur ordre, les modes, dans lesquels on tient compte essentiellement de l'ordre des mêmes intervalles, et les échelles, dans lesquelles les intervalles sont égaux. C'est donc par abus de langage que le seul mot « gamme » est souvent employé pour désigner indifféremment ces divers types de répartitions d'intervalles. Ainsi, dans la musique occidentale, on parle de la gamme naturelle majeure, de la gamme naturelle mineure et de la gamme chromatique. La première est celle qui existe sur les instruments à clavier lorsqu'on se sert des seules touches blanches à partir de la note ut (ou do) : ut, ré, mi, fa, sol, la, si. La deuxième possède deux formes : une forme montante, la, si, ut, ré, mi, fa dièse, sol dièse, et une forme descendante, la, sol bécarre, fa bécarre, mi, ré, ut, si. Enfin, la troisième est tout simplement la suite des demi-tons théoriquement égaux : ut, ut dièse, ré, ré dièse, mi, fa, fa dièse, sol, sol dièse, la, si bémol, si bécarre. Les deux premières sont dites gammes diatoniques ; elles sont constituées par une alternance de tons et de demi-tons. On voit qu'il serait plus logique de parler à propos des « gammes » que nous venons de citer de gamme d'ut dans le mode majeur, de gamme de la dans le mode mineur et d'échelle chromatique. À condition de garder la même répartition des intervalles, toute gamme peut être transposée sans perdre aucune de ses caractéristiques, ce qui veut dire qu'elle peut commencer sur n'importe quelle note. C'est alors la première note qui lui donne son nom. Ainsi, avec les mêmes intervalles que ceux de la gamme d'ut majeur, on peut avoir, par exemple, une gamme dite de ré majeur : ré, mi, fa dièse, sol, la, si, ut dièse. Là encore, pour la rigueur terminologique, il serait préférable de parler du mode d'ut majeur transposé sur ré. Dans leur grande majorité, les gammes, qu'elles soient européennes ou non, sont constituées de sept notes (gammes heptatoniques), mais on rencontre aussi des gammes de cinq sons (pentatoniques) et, bien entendu, la gamme de douze sons (chromatique).
L'idée de la gamme chromatique, formée d'intervalles égaux, est le résultat d'un effort de généralisation provoqué par les nécessités de la polyphonie occidentale et qui se trouve véritablement concrétisé vers la fin du xviie siècle. Parmi les préoccupations qui orientèrent la construction des gammes, il y en eut de théoriques (caractérisation de mélodies d'un type donné) et aussi de pratiques, ces dernières étant provoquées par l'existence d'instruments ne pouvant émettre que des sons dont la hauteur était fixée a priori (il s'agit, notamment, des instruments à clavier).
Dans les musiques archaïques ou extra-européennes, essentiellement fondées sur la mélodie, les diverses gammes utilisées peuvent être d'un très grand raffinement, variant parfois de très petits intervalles avec une grande subtilité. Un tel raffinement devient difficile dans le cas de la polyphonie européenne, les rapports régissant la succession des intervalles devant être conciliés avec ceux qui régissent leur superposition. Il est impossible de procéder à un inventaire complet des différentes gammes (européennes, grecques anciennes, indiennes, chinoises, arabes...). On peut dire que chaque gamme correspond à une[...]
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Écrit par
- Michel PHILIPPOT : professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
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