GAND
Les origines de la ville
Des fouilles ont révélé l’existence d’un vicus gallo-romain à 2,5 kilomètres à l’est du confluent de la Lys et de l’Escaut. Près de ce confluent, à Ganda (un nom gaulois latinisé signifiant confluence), saint Amand fonda vers 630-639 l’abbaye dite de Saint-Bavon. Une seconde abbaye, dite de Saint-Pierre, fut construite sur le mont Blandin à 1,5 kilomètres en amont, vers 650-675. C’est sans doute près du lieu-dit Ganda que Charlemagne inspecta, en 811, la flottille qu’il avait équipée pour combattre les Normands. En effet, un premier portus y est signalé vers 850-875. Ce lieu de marché semble avoir rapidement disparu (les Vikings, qui avaient occupé la région en 851-852 l’ont à nouveau dévastée entre 879 et 883), et c’est au pied d’un castrum, fortification construite vers 900 sur la rive gauche de la Lys, à 1 kilomètre en amont du confluent, que se forma, dans la grande boucle de la rivière, le Gand des xe et xie siècles. Une église urbaine, Saint-Jean (actuelle cathédrale Saint-Bavon), est attestée peu après, vers 941. Trois autres, Saint-Michel (sur la rive gauche de la Lys), Saint-Nicolas et Saint-Jacques, sont bâties vers la fin du xie siècle.
Vers 1100 également, la ville fut dotée d’une magistrature propre, composée de treize échevins chargés de la justice et de l’administration. Ils étaient primitivement nommés à vie. À partir de 1228, la charge fut confiée à une oligarchie de trente-neuf membres recrutés dans le patriciat, surtout composé de marchands. Du xie au xiiie siècle, ceux-ci se rendaient principalement en Rhénanie et en Allemagne septentrionale, où ils écoulaient les produits de la draperie de leur cité, et en Angleterre où, à partir de 1100, ils se procuraient la matière première, la laine. Gand est redevable au régime patricien d’une série d’établissements hospitaliers et de bienfaisance, tel l’hôpital de la Biloque, uni à l’abbaye cistercienne du même nom (actuellement musée d’archéologie) et fondé comme celle-ci par la richissime famille des Utenhove. Mentionnons aussi la construction, peu après 1275, du chœur actuel de Saint-Jean. Le patricien Josse Vydt et son épouse Isabelle Borluut dotèrent cette église, en 1432, de L’Agneau mystique, le célèbre polyptyque des frères Van Eyck.
Le portus primitif fut fortifié dès 1100 environ. La population augmenta rapidement et envahit bientôt les seigneuries qui constituaient la banlieue du portus. La plupart d’entre elles finirent par être annexées au territoire urbain. Seules celles des abbayes de Saint-Bavon et de Saint-Pierre gardèrent leur autonomie ; elles ne seront incorporées à la ville qu’à la fin du xviiie siècle. Une seconde ligne de remparts, n’entourant pas moins de 644 hectares, fut projetée dès 1254. Seuls quelques tronçons de murailles furent effectivement construits, les Gantois comptant surtout pour leur défense sur l’inondation des abords marécageux de leur ville.
Vers 1350, Gand devait compter environ 60 000 habitants. Son beffroi date de cette époque.
Le centre historique de Gand offre une belle illustration des formes de séparation topographique des lieux de pouvoir dans les villes médiévales de l’Europe du nord-ouest : sur la rive gauche de la Lys, le château comtal, appuyé sur l’enceinte ; sur la rive droite, entre la rivière et l’Escaut, la ville des marchands, avec leur église (Nicolas est leur patron), le beffroi (xive siècle), symbole des libertés urbaines, s’élevant plus haut que le donjon du château, la halle aux draps et la Grande Boucherie (première moitié du xve siècle) ; hors enceinte, les implantations ecclésiastiques, les abbayes Saint-Bavon et Saint-Pierre.
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Écrit par
- Hans VAN WERVEKE : professeur émérite de l'université de Gand
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
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