GAND
Des élites intellectuelles, libérales et « fransquillonnes »
La ville joua un rôle important dans la littérature et le mouvement flamand. Elle abrite le siège de l’Académie flamande de langue et de littérature, fondée en 1886. Néanmoins, beaucoup de ses élites libérales sont restées longtemps « fransquillonnes », c’est-à-dire pratiquant le français à domicile et dans leur vie sociale, donc en rupture avec les classes populaires. Des poètes symbolistes écrivant en français y naquirent : Charles van Lerberghe (1861-1907), Grégoire Le Roy (1862-1941), Maurice Maeterlinck (1862-1949). D’autres y passèrent leurs années de formation : Georges Rodenbach (1855-1898), Émile Verhaeren (1855-1916). Il en fut de même à la génération suivante pour quelques écrivains, moins nombreux, comme Franz Hellens (1881-1972) et Jean Ray (1887-1964), dont bien des textes témoignent, certes très diversement, d’une même quête du fantastique. Si Maurice Maeterlinck, prix Nobel de littérature en 1911, avait déclaré que la Belgique serait latine ou ne serait pas, Franz Hellens, auteur de l’expression « littérature française de Belgique », ne cessa de souligner l’importance des liens avec la France et de critiquer toute tentation régionaliste en littérature.
L’université de Gand a été fondée en 1817 en tant qu’université d’État par le roi Guillaume des Pays-Bas. Fonctionnant en français, sa néerlandisation totale ne fut acquise qu’en 1930, une des grandes victoires du mouvement flamand de l’entre-deux-guerres. Avec l’essor économique de la Flandre entre les deux guerres, cette néerlandisation de l’université a marqué le début de la fin de l’influence du français parmi les élites gantoises. La Flandre libérale, dernier quotidien édité à Gand en français, a disparu en 1974, en même temps que les deux quotidiens anversois La Métropole et Le Matin.
L’importance, au xixe et au début du xxe siècle, de la bourgeoisie gantoise, sans doute de tradition plus intellectuelle que celle d’Anvers, plus exclusivement tournée pour sa part vers le commerce, s’est traduite aussi dans le rayonnement culturel de la ville. Au début du xxe siècle, l’école de Laethem-Saint-Martin (du nom d’une localité de la banlieue sud de Gand) constitue un important courant artistique. La première génération, réunie autour du sculpteur George Minne, opère la transition du symbolisme à l’expressionnisme, qu’illustrent, après la Première Guerre mondiale, les grands maîtres de la génération suivante : Constant Permeke, Gustave De Smet et Frits Van den Berghe.
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Écrit par
- Hans VAN WERVEKE : professeur émérite de l'université de Gand
- Christian VANDERMOTTEN : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie
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