GAND

La crise du textile et les réussites de la reconversion

L’industrie cotonnière gantoise n’a pas échappé à la crise du textile dans les années d’après-guerre. Elle avait d’ailleurs déjà connu une première consolidation après la Première Guerre mondiale avec sa concentration dans l’Union cotonnière, créée en 1919, et une diversification vers les fibres artificielles et synthétiques, avec la création par la firme Fabelta de l’usine de Zwijnaarde en 1943. L’emploi dans le textile en région gantoise a stagné entre 1910 et 1947, autour de 35 000 emplois, pour être ensuite réduit de plus de moitié en 1970. Il n’en reste que quelques centaines dans les années 2020.

Mais la reconversion économique a pu se réaliser avec succès dans le contexte favorable de la vigoureuse croissance économique flamande de l’après-guerre et en bénéficiant tant des investissements du grand capital belge et international, qui recherchait alors les implantations maritimes, que du dynamisme de l’entrepreneuriat local et des impacts de l’université. Relevant aujourd’hui de la Communauté flamande, celle-ci a une grande réputation internationale, et son recrutement est dominant sur les deux provinces de Flandre orientale et occidentale ; elle a une importance similaire à celle de l’université catholique de Louvain, qui domine quant à elle sur l’est de la Région flamande. C’est l’université belge qui a développé le plus de spin-off (établissements de recherche-développement émanant des universités), en particulier dans le domaine des biotechnologies, des bioénergies et des technologies de l’information et de la communication. En y ajoutant le reste de l’enseignement supérieur, Gand est la deuxième ville étudiante de Belgique après Bruxelles.

Une grande entreprise sidérurgique maritime, Sidmar, a été implantée en 1962 le long du canal Gand-Terneuzen, s’imposant au premier rang de ce secteur, alors que son pendant wallon périclitait. Elle fait partie aujourd’hui du groupe ArcelorMittal. On trouve aussi, dans cette vaste zone industrielle du nord de Gand, de nombreuses autres entreprises logistiques et industrielles, dont Volvo (automobiles et camions, 1965), la plus grande papeterie du monde pour le papier-journal (Stora Enso à Langerbrugge) et le cluster biotechnologique Bio Base Europe. Le bassin d’emploi de l’agglomération (752 000 habitants en 2023) couvre l’essentiel des arrondissements de Gand et d’Eeklo, et déborde sur quelques autres communes dans les arrondissements voisins.

Connue de longue date par des manifestations culturelles et commerciales périodiques, et entre autres par les Floralies (expositions quinquennales de fleurs), Gand a été de 1983 à 1999 le centre de l’opération Flander’s Technology organisée par le gouvernement flamand. Celle-ci a été relancée en 2022 sous le nom de Flander’s Technology and Innovation. La tenue de ces manifestations et initiatives bénéficie de l’infrastructure d’un centre d’expositions et de congrès, Flanders Expo, inauguré en 1987.

Ce renouveau économique s’est accompagné d’une politique culturelle et urbanistique audacieuse et de qualité. En 1999, le musée d’Art contemporain, dont l’origine remonte à 1975, s’est installé dans de nouveaux bâtiments et a adopté une nouvelle dénomination : Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (SMAK, musée municipal d’Art actuel). Les Gentse Feesten (Fêtes gantoises), festival annuel de spectacles populaires, drainent chaque année près de 2 millions de visiteurs.

L’histoire et la sociologie de la ville de Gand, tant au niveau des élites et des classes moyennes que d’une importante classe ouvrière, expliquent des comportements politiques assez spécifiques en Flandre et un poids important des forces laïques. De l’Indépendance à la Seconde Guerre mondiale, la ville a toujours été gouvernée par des bourgmestres libéraux. Les[...]