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GARES, architecture

Déclin et renouveau des gares

Au milieu du xxe siècle, le train a perdu en prestige, comparé à l'automobile et à l'avion, ce qui a eu des conséquences sur la qualité et l'envergure des gares. Mais l'innovation technique des trains à grande vitesse, à partir du début des années 1980, a provoqué un nouvel essor des chemins de fer et un véritable renouveau de l'architecture des gares.

Ce nouvel essor ferroviaire s'accompagne d'une complexité accrue des gares, concernant à la fois leur insertion territoriale et urbaine, leur programmation et la lisibilité de leurs espaces.

L'« effet T.G.V. »

En France, la réflexion sur les transports ferroviaires à grande vitesse connaît des évolutions importantes, notamment pendant les années 1980. Si on souhaitait d'abord des lignes capables de concurrencer l'avion (Paris-Lyon, ouverte en 1981), la réussite du système technique et la conjoncture de la construction européenne ont favorisé la mise en place d'un véritable réseau T.G.V. pouvant s'intégrer dans un dispositif à échelle internationale. Parallèlement, la réglementation européenne encourage une approche des transports en termes non pas de rivalité mais de complémentarité entre divers moyens de transport au sein d'un système global : des gares « multimodales » doivent permettre des échanges faciles avec l'automobile et parfois l'avion. Cette approche du système T.G.V. en termes de réseau et de multimodalité a des effets importants sur le rôle et le fonctionnement des gares. Par exemple, les « pôles d'échanges ex-urbains » qui contournent les centres-villes plutôt que de les desservir apparaissent à la fin des années 1980 et sont parfois considérés comme une spécificité française : en région parisienne, les gares T.G.V. de Massy (1991), Chessy-Marne-la-Vallée (1994) ou Roissy-Charles-de-Gaulle (1994) permettent de relier les extrémités de la France sans passer par la capitale, contrairement au système hérité du xixe siècle. Dans les cas de Chessy et de Roissy, les partenaires des projets ont donné des inflexions marquantes à l'architecture : l'architecte et ingénieur Jean-Marie Duthilleul et son équipe à la S.N.C.F. (Agence des gares) et chez sa filiale Aménagement recherche pôles d'échanges (A.R.E.P.) ont collaboré avec Disney Village à Chessy et avec Aéroports de Paris et l'architecte Paul Andreu à Roissy.

En France, cet « effet T.G.V. », qui a contribué à revigorer l'architecture des gares, ne s'est cependant pas limité aux seules gares T.G.V. Le risque est apparu de l'installation d'un système à deux vitesses, avec des zones délaissées entre les mailles du réseau plus prestigieux du T.G.V. ; depuis les années 1990, un effort est porté sur certaines gares des réseaux régionaux. En région parisienne, l'architecture de la gare de Cergy-le-Haut (1994) traduit le désir de créer une ambiance particulièrement compréhensible et lumineuse ; cette réflexion sur l'importance de l'éclairage dans les gares s'exprime également à Paris dans la gare Magenta (1999) de la ligne Éole du réseau express régional (R.E.R.), où les contrastes de lumière doivent aider les voyageurs dans leurs choix de parcours par rapport à des quais situés à 30 mètres au-dessous des gares du Nord et de l'Est.

L'ensemble créé par les trois gares du Nord, de l'Est et Éole Magenta illustre bien ce que l'on désigne par l'expression « pôles d'échanges ». Ceux-ci ont pour vocation d'organiser des liaisons entre réseaux et modes de transport fonctionnant à des échelles territoriales bien différentes : urbaine, régionale, nationale, internationale. Ils accueillent aussi des moyens de déplacement très disparates, pouvant aller du vélo ou de la marche au T.G.V. et à l'avion.[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire et cultures architecturales, École nationale supérieure d'architecture de Versailles, Institut parisien de recherche.: architecture, urbanisme, société

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Médias

Gares terminus : schémas fonctionnels - crédits : Encyclopædia Universalis France

Gares terminus : schémas fonctionnels

<it>La Gare Saint-Lazare</it>, C. Monet - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

La Gare Saint-Lazare, C. Monet

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