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EDWARDS GARETH (1947- )

Il est plus que rare qu'un sportif s'inscrive durablement dans l'imaginaire collectif d'un pays – un statut qui est généralement réservé aux héros militaires ou aux figures politiques. La chose semble d'autant plus incongrue que ce champion fit preuve de sa maestria dans un sport collectif, en l'occurrence le rugby, où les valeurs du groupe plus que les qualités individuelles sont louées. C'est pourtant le cas du Gallois Gareth Edwards, dont la statue défie le temps dans le centre de Cardiff.

Gareth Edwards incarna en effet l'âge d'or du rugby gallois, à la fin des années 1960 et dans les années 1970, à une époque où ce sport ne s'était pas encore « mondialisé » et où les chants des hommes remontant de la mine, fiers malgré leurs difficiles conditions de travail et de vie, se faisaient entendre dans les campagnes et dans les villes avant de se propager dans les tribunes de l'Arms Park de Cardiff, pour encourager les « diables rouges », qui multipliaient les succès dans le Tournoi des cinq nations. Depuis lors, les mines ont fermé, l'Arms Park est devenu le Millennium Stadium, et le pays de Galles, qui n'a pas pu devenir – faute de moyens financiers – une nation majeure du rugby professionnel, vit dans la nostalgie du temps où Gareth Edwards et ses équipiers dominaient le monde de l'ovalie.

Gareth Edwards a porté cinquante-trois fois le maillot du pays de Galles, réussi trois fois le Grand Chelem dans le Tournoi des cinq nations (1971, 1976, 1978). Il fut également sélectionné dix fois dans l'équipe des Lions britanniques.

Le choix du rugby

Gareth Edwards naît le 12 juillet 1947 à Gwaun-cae-Gurwen, localité perdue située près de Pontardawe, à proximité de Swansea, dans une famille pauvre de mineurs. Si le rugby est le sport national au pays de Galles, rien ne pouvait laisser penser que Gareth Edwards deviendrait un mythe du rugby. Son grand-père s'était certes essayé à ce sport, mais, rongé par la silicose, il avait succombé à une pneumonie à l'issue d'un match. Enfant, Gareth Edwards joue donc au football dans l'équipe de son village. En 1961, il intègre l'école secondaire de Pontardawe. C'est là, notamment grâce à l'aide d'un éducateur attentif, Bill Samuel, qu'il prend conscience de ses qualités sportives. Sous l'œil de ce pédagogue, il s'exerce à la gymnastique, au saut en longueur et pratique la musculation en soulevant des haltères, le tout entre cours d'anglais et de mathématiques. Il hésite néanmoins entre ballon rond et ballon ovale, d'autant que les recruteurs du club professionnel de football de Swansea sont prêts à lui faire signer un contrat. Mais Bill Samuel a senti que la vitesse et le coup d'œil du jeune homme le destinent à devenir un demi de mêlée de talent – alors que Gareth Edwards aurait souhaité jouer au poste de trois-quarts centre. Puis, avec la complicité de Jack Meyer – le principal de cet établissement –, Bill Samuel lui permet d'intégrer la public school anglaise de Millfield, la plus coûteuse des écoles du pays, mais aussi la plus réputée en matière de formation rugbystique. Meyer accepte de diviser par deux ses tarifs, un bienfaiteur dont la grand-mère était galloise se chargeant d'apporter la somme restante.

Là, de 1964 à 1966, Gareth Edwards se forge un caractère à toute épreuve. Ce fils de mineur apprend à ne pas s'émouvoir quand ses équipiers sont raccompagnés en voiture de luxe par un chauffeur à l'issue des rencontres scolaires. Il sait aussi ne pas les toiser lorsqu'il a réussi un meilleur match qu'eux – ce qui est toujours le cas. Il prépare ensuite le professorat d'éducation physique au Training College de Cardiff. Il travaille inlassablement la qualité de sa passe, laquelle permettra par la suite aux demis d'ouverture Barry John et Phil Bennett[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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