EDWARDS GARETH (1947- )
Gareth Edwards et les « princes de Galles »
Le rugby gallois connaît son âge d'or. Précurseurs, les Gallois ont nommé en 1967 un « directeur technique national » rémunéré, Ray Williams – une première mondiale. Malgré les sacro-saintes règles de l'amateurisme de l'époque, l'entraîneur, Clive Rowlands, réunit tous les dimanches les joueurs pour un rassemblement collectif, souvent sur la plage d'Aberaeron : le squad system est né. Alors que Français, Anglais, Irlandais et Écossais se contentent toujours d'un ou deux jours d'entraînement avant chacun de leurs quatre matchs du Tournoi, ce rendez-vous hebdomadaire va permettre aux Gallois de gagner en cohésion, de travailler leur technique collective et d'élaborer des tactiques qui seront mises en œuvre lors des rencontres. Grâce à cet indéniable avantage, le XV de Galles va régner sur l'Europe durant dix ans : de 1969 à 1979, le pays de Galles remporte huit fois le Tournoi des cinq nations, réalisant au passage trois fois le Grand Chelem.
L'équipe s'appuie sur un pack puissant et mobile (Mervyn Davies, John Taylor, Brian Price, Derek Quinnell, David Lloyd, Barry Llewelyn, Dai Morris...). Mais ce sont ses lignes arrière qui vont émerveiller le monde. L'arrière, J. P. R. Williams, est capable de toutes les audaces. Aux ailes, les rapides Gerald Davies, John Bevan, puis J. J. Williams concluent par de nombreux essais les multiples offensives galloises. Au centre, le capitaine, John Dawes, donne la mesure. Mais le joyau de l'équipe est sa charnière. À l'ouverture, le talentueux Barry John puis l'efficace Phil Bennett vont bénéficier de l'inventivité de leur demi de mêlée, Gareth Edwards.
Gareth Edwards, maître du jeu, multiplie les prouesses. Le 27 mars 1971, un essai face à la France à Colombes offre au pays de Galles la victoire (9-5) et un Grand Chelem attendu depuis 1952. Toujours en 1971, les Lions britanniques, dont les joueurs gallois forment l'ossature, remportent pour la première fois une série de tests en Nouvelle-Zélande, face aux All Blacks commandés par le prestigieux Colin Meads. Le 27 janvier 1973, à l'Arms Park, Gareth Edwards est le chef d'orchestre des Barbarians britanniques qui offrent un récital d'art et d'essais face aux All Blacks dans ce qui demeure considéré comme le « match du siècle ».
Plus que souvent brillant, Gareth Edwards sait aussi s'appuyer sur un incontestable sens tactique pour mener son équipe au succès. Ainsi, le 6 mars 1976, à l'Arms Park, lors du match face à la France de Jacques Fouroux pour le Grand Chelem, il use de coups de pied défensifs et maîtrise le retour des Tricolores, finalement battus (19-13). Le 18 mars 1978, Gareth Edwards fait ses adieux au rugby international. Ce jour-là, face au XV de France, il ponctue sa sortie d'un drop astucieux et, surtout, en emblématique capitaine, il mène ses hommes vers un nouveau Grand Chelem (16-7).
Gareth Edwards parti, le rugby gallois va lentement s'étioler. À l'occasion des rencontres du Tournoi, les spectateurs gallois nostalgiques, plutôt que de « refaire le match » du jour, préfèrent se bercer de nostalgie et évoquer le temps des mines, l'époque où Gareth Edwards permettait aux « diables rouges » de régner sur le monde du rugby... Quant à Gareth Edwards, héros démesuré d'un pays fou de rugby, il commente quelques matchs pour la télévision galloise, entre deux parties de pêche à la mouche.
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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