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GARGANTUA (F. Rabelais) Fiche de lecture

Une multiplicité d'interprétations

On se gardera de prêter au roman, sur la foi d'un tel résumé, une cohérence et une lisibilité que Rabelais semble lui refuser. Si la critique récente a mis en valeur le poids des idées érasmiennes dans l'œuvre, et dépassé ainsi les stéréotypes d'un Rabelais épicurien et paillard, apôtre de la bonne chère, et d'un Rabelais athée, déiste ou libre-penseur, on n'a pas fini pour autant de s'interroger sur l'exacte signification d'un texte qui résiste à toute lecture univoque. Non content, à l'image du macaronique Baldus de Teofilo Folengo (1517), son grand prédécesseur, de mêler inextricablement des discours sérieux sur les sujets les plus brûlants et des pitreries obscènes ou scatologiques, de marier indissolublement références humanistes et jeux carnavalesques, Rabelais accumule à plaisir les pages énigmatiques : l'ambiguïté du prologue, les vers incompréhensibles des Fanfreluches antidotées, la pédagogie boulimique de Ponocrates, l'utopie de Thélème, ou l'Énigme en prophétie qui clôt le livre semblent autant de défis lancés aux exégètes, toujours renvoyés, en dernière analyse, au doute sur le sens, à la liberté de l'interprétation, et à l'audace philosophique du rire.

— Jean VIGNES

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Écrit par

  • : Professeur de littérature de la Renaissance à l'université du Maine

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Média

Gargantua, F. Rabelais - crédits : De Agostini/ Getty Images

Gargantua, F. Rabelais