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COOPER GARY (1901-1961)

Une humanité touchante

Pour qui sonne le glas, S. Wood - crédits : Hulton Archive/ MoviePix/ Getty Images

Pour qui sonne le glas, S. Wood

Gary Cooper a interprété des personnages héroïques et physiques qui lui ont valu de grands succès, sous la direction d'Henry Hathaway (Lives of a Bengal Lancer [Les Trois Lanciers du Bengale], 1935), de Sam Wood (For Whom the Bell Tolls [Pour qui sonne le glas], 1943) ou de Cecil B. DeMille (The Story of Dr. Wassell [L'Odyssée du Docteur Wassell], 1944 ; Unconquered [Les Conquérants d'un nouveau monde], 1947)... Mais il excelle lorsqu'il incarne un individu auquel le public, qui ne bénéficie pas des avantages physiques de l'acteur, peut s'identifier. C'est le cas lorsqu'il interprète le personnage d'Alvin York, un paysan pacifiste des montagnes du Tennessee qui, enrôlé malgré lui dans l'armée lors de la Première Guerre mondiale, devient un héros en capturant cent trente-deux soldats allemands. Réalisé en 1941, Sergeant York (Sergent York) fut le plus gros succès commercial d' Howard Hawks et valut à Cooper, au départ gêné d'interpréter un personnage réel, son premier oscar.

<it>L'Extravagant M. Deeds</it>, de Frank Capra - crédits : Columbia Pictures Corporation/ Collection privée

L'Extravagant M. Deeds, de Frank Capra

On oublie trop facilement que « Cowboy Cooper » fut aussi un grand acteur de comédie, chez Lubitsch (Design for Living [Sérénade à trois], 1933 ; Bluebeard's Eighth Wife [La Huitième Femme de Barbe-Bleue], 1938), ou chez Hawks (Ball of Fire [Boule de feu], 1942)... Au moins autant que James Stewart, il est le personnage-type des grandes œuvres de Frank Capra, par sa faculté à rendre héroïque presque naturellement l'Américain moyen, celui qui a subi de plein fouet la crise de 1929 et rêve d'une « nouvelle donne ». Il y a un mélange de folie douce et de merveilleux dans le personnage quasi simplet de Longfellow Deeds transporté au cœur du délire new-yorkais. Mr. Deeds Goes to Town (L'Extravagant Monsieur Deeds, 1936) relève moins d'un militantisme rooseveltien que de l'esprit jeffersonien utopiste et individualiste. Après avoir connu un immense succès populaire, Longfellow Deeds trouve son pendant plus grave avec John Doe (Meet John Doe [L'Homme de la rue]). En 1941, la naïveté et le désespoir de ces personnages ne concernent plus seulement l'Amérique profonde, mais la démocratie elle-même.

L'idéalisme de Cooper frôle parfois la folie, dans sa version fantastique et romantique avec Peter Ibbetson (1935), de Henry Hathaway, qu'il tenait pour son œuvre majeure, ou encore dans une vision esthétique qui frise la mégalomanie, inspirée de la vie de l'architecte Frank Lloyd Wright, avec The Fountainhead (Le Rebelle), de King Vidor (1949).

Dans la dernière décennie, si le personnage héroïque gagne en gravité, l'âge et la maladie – un cancer aura raison de lui en 1961 – marquent peu à peu sa démarche et son visage de cette faiblesse qui faisait son charme et qui le rend pathétique dans High Noon – Oscar pour le film et l'ensemble de l'œuvre de l'acteur –, ainsi que dans ces chefs-d'œuvre crépusculaires que sont Vera Cruz (Robert Aldrich, 1954) et Man of the West (L'Homme de l'Ouest, 1958) d'Anthony Mann.

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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Médias

<it>Mensonges</it>, de Lewis Milestone - crédits : Paramount Pictures Corporation/ Collection privée

Mensonges, de Lewis Milestone

Pour qui sonne le glas, S. Wood - crédits : Hulton Archive/ MoviePix/ Getty Images

Pour qui sonne le glas, S. Wood

<it>L'Extravagant M. Deeds</it>, de Frank Capra - crédits : Columbia Pictures Corporation/ Collection privée

L'Extravagant M. Deeds, de Frank Capra