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HILL GARY (1951- )

Gary Hill est sans aucun doute l'un des vidéastes les plus importants de sa génération ; la quantité autant que la qualité de ses œuvres — servies par une inventivité technologique hors pair — l'ont vite placé au rang des artistes les plus étonnants de la seconde moitié du xxe siècle. Né en 1951 à Santa Monica, Californie, Gary Hill part pour New York en 1969 et étudie à l'Art Students League.

D'abord sculpteur, il commence à travailler la matière sonore et la vidéo au début des années 1970, et produit un nombre imposant de bandes vidéo et d'installations multimédia.

Les vidéos de Gary Hill traitent essentiellement du renvoi permanent de l'image au langage. Si le langage a une telle prépondérance dans son travail, c'est qu'il est conçu comme son propre générateur : le langage se réfléchit en même temps qu'il est produit et perçu. Les images sont infiltrées par la voix et le texte, par la scansion de phrases, de mots qui proviennent à la fois du langage porté par la parole et du langage fixé par l'écriture. La correspondance entre la matérialité sonore de la parole et l'inscription alphabétique de celle-ci dans des textes qui apparaissent sur l'écran confère d'emblée au travail de Hill une dimension « dialogique », où l'émission et la réception des sonorités et des significations se donnent immédiatement, mais seulement dans le temps de lecture de la bande (Surroundings, 1979 ; Around and About, 1980 ; Primarily Speaking, 1981-1983). L'image vidéo concerne directement le spectateur non pas tant parce qu'elle est vue que parce qu'elle est comprise et appréhendée à la manière d'un échange avec un interlocuteur ou un lecteur. Qu'il s'agisse d'expressions idiomatiques, de fragments biographiques, de palindromes, de textes littéraires ou philosophiques, le travail s'adresse toujours à un interprète de ces jeux de langage. Les bandes vidéo ne traitent pas seulement du langage qui se construit, elles traitent aussi de celui qui se défait, se dématérialise, et qui est simultanément capable de rendre visible ce processus de déréliction, de montrer, à défaut d'expliquer, cette « écriture du désastre » essentielle pour Maurice Blanchot (dont s'inspire parfois l'artiste). Faire voir l'avancée de ce désastre réel ou symbolique, sa coextension au langage écrit et parlé à travers sa destruction même, est sans doute la thématique principale de l'œuvre de Gary Hill. Les textes dont se sert le vidéaste visent toujours des structures universelles du langage et des contenus compréhensibles par toutes les personnes, quelle que soit leur culture, car l'interdépendance entre ce qui est vu et ce qui est dit est fondamentale. La vision ne se conçoit que parce qu'elle lit, et les mots n'existent qu'en tant qu'ils sont perçus.

Une autre question abordée par Hill, par rapport à la relative abstraction des mots, est comment comprendre, lire, écrire et parler du langage sans avoir recours à un métalangage et en s'y immergeant physiquement, en prenant corps dans la texture de la langue, en incarnant le verbe. À cet effet, les installations vidéo mettent souvent en scène le corps, et plus précisément le corps nu et morcelé (Crux, 1983-1987 ; Suspension of Disbelief (for Marine), 1991-1992). De très petits moniteurs peuvent retransmettre ses plus infimes parties (ongles, plissements de la peau) ; d'autres, mis bout à bout et à l'horizontale, le corps en entier, mais présenté par parties selon leur apparition à l'écran. Dans la dimension théâtrale que Gary Hill donne à certaines installations le corps de l'acteur et le corps du spectateur sont pris métaphoriquement comme le lieu de l'inscription matérielle du langage (Viewer, 1996 ; BlindSpot, 2003).[...]

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Écrit par

  • : professeur en esthétique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, critique d'art

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Autres références

  • VIDÉO ART

    • Écrit par , et
    • 5 807 mots
    ...seules caractéristiques techniques de l’image n’est plus à l’ordre du jour. Avec certains des artistes de la nouvelle génération, notamment Bill Viola et Gary Hill, la vidéo a acquis son autonomie plastique et ses enjeux esthétiques sont désormais aussi cohérents que ceux des autres médias de l’image fabriquée...