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COLIGNY GASPARD DE CHÂTILLON sire de (1519-1572) amiral français

Gaspard de Coligny - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Gaspard de Coligny

Fils de Gaspard de Coligny, seigneur de Châtillon, et de Louise de Montmorency, Gaspard de Coligny a pour frère aîné le cardinal Odet de Coligny (1517-1571) et pour frère cadet François, dit d'Andelot (1521-1569). C'est, vers 1560, avant sa conversion au protestantisme, un homme de guerre célèbre. Il participe en 1544 à la victoire de Cérisoles et se jette en 1557 dans Saint-Quentin assiégé. En 1555, il a patronné l'expédition brésilienne de Villegagnon destinée à créer, dans le Nouveau Monde, un lieu de refuge pour les protestants persécutés. À la mort de Henri II, en 1559, il devient le chef du parti protestant. Gouverneur de la Normandie, il en fait la place forte des réformés. C'est lui qui fait de la Réforme française de la seconde moitié du xvie siècle un parti armé, disposant de troupes organisées. Ses contemporains lui ont reproché d'avoir appelé les Anglais en 1562 au secours des protestants et l'ont accusé d'avoir été à l'origine de l'assassinat du duc de Guise au siège d'Orléans défendue par d'Andelot. L'amiral a désavoué cet acte, mais son attitude, au cours des années 1562 et 1563, reste ambiguë. Reprochant à Condé d'avoir affirmé par serment qu'il n'avait pris aucune part à la conjuration d'Amboise, il contribue à la rupture avec les catholiques, et marche avec Montmorency contre les Anglais installés au Havre. Il accepte le parrainage d'une expédition coloniale en Floride, dirigée contre les Espagnols et destinée à permettre aux protestants d'y trouver refuge. Mais cette expédition est un échec. Après la mort de Louis Ier Condé à Jarnac, il est désormais le chef de guerre protestant par excellence. En dépit de sa défaite devant le duc d'Anjou à Moncontour en 1569, il réussit, grâce à son habileté manœuvrière, à maintenir les forces protestantes intactes. L'édit de Saint-Germain en 1570, qui assure à ses coreligionnaires quatre places de sûreté, marque l'apogée de sa carrière. Il devient le conseiller de Charles IX, pousse à l'intervention française aux Pays-Bas, ce qui inquiète non seulement la reine mère, Catherine de Médicis, mais aussi la majeure partie du personnel gouvernemental en place. Un attentat raté, perpétré contre lui le 22 août 1572 par les Guise, déclenche le massacre de la nuit de la Saint-Barthélemy, le 24 août, dont il est l'une des premières victimes. Sa politique des années 1569-1572 avait-elle des chances de succès ? En fait, le roi et Gaspard de Coligny, trop isolés, étaient incapables de mener autre chose qu'une politique hésitante et ambiguë, refusée par la majorité de la Cour. Vers 1570, le protestantisme, qui paraissait dix ans plus tôt capable d'emporter l'adhésion d'une fraction importante du peuple français, est, à cette date, déjà virtuellement vaincu. L'amiral de Coligny en a cependant assuré la survie. Sur ce plan, sa mort n'a pas été inutile.

— Jean MEYER

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes

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Gaspard de Coligny - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Gaspard de Coligny

Autres références

  • SAINT-BARTHÉLEMY (1572)

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    • 874 mots
    • 2 médias

    Par son retentissement européen, en particulier sur l'opinion protestante, que l'événement secoue plus encore que la nouvelle du massacre des garnisons françaises de Floride par les Espagnols (1565), par sa valeur de test sur la morale politique des siècles ultérieurs, le massacre de la Saint-Barthélemy,...